PATRIMOINE GÉNÉTIQUE ET GÉNÉALOGIQUE
Tout individu est doté d’un patrimoine génétique dès sa naissance.
Cette hérédité lui confère des caractéristiques individuelles qui l’intègre au sein d’une immense saga familiale même si personne n’en a conscience, en admirant le beau bébé qui vient de pointer son petit museau adorable, et ledit poupon encore moins que les autres.
Ses parents vont l’observer sous toutes les coutures et au fur et à mesure des mois, voire des années qui passeront, ils décèleront des similitudes avec des membres de leur famille.
Papa remarquera qu’il a les yeux bleus de grand-père Ernest et le sourire de l’oncle Adolphe. Maman, quant à elle, notera que ses magnifiques cheveux blonds sont ceux de grand-mère Adélaïde mais que son pied droit un peu fort lui vient de la tante Berthe.
Pourtant d’autres aspects physiques ou des traits de caractère peuvent apparaître au fil du temps, laissant les parents surpris et interrogateurs sur les origines de ceux-ci.
L’étude de la généalogie serait sans doute révélatrice de ces particularités spécifiques.
Qui parmi vous, a lu « Le Chien des Baskerville » écrit par Arthur Conan Doyle ?
Je l’ai lu il y a environ 40 ans mais mes souvenirs sont demeurés assez précis concernant l’intrigue de ce roman policier.
Tout se passe dans la lande anglaise au 19ème siècle, dans un manoir appartenant à Sir Henry Baskerville, un jeune baronnet venant d’hériter du titre et des biens en suite de la mort de Sir Charles Baskerville son oncle, tué par un chien monstrueux sur la lande. L’apparition de ce cabot maléfique est la conséquence d’une malédiction pesant sur la famille Baskerville depuis le moyen-âge. Leur aïeul Sir Hugo Baskerville ayant été le fautif et la première victime du maléfice.
A quelques kilomètres du manoir isolé, se trouve la demeure d’un chasseur de papillons dénommé Stapleton qui vit à coté des marécages avec sa jolie sœur dont le charme ne laisse pas indifférent notre jeune hobereau.
Sherlock Holmes, détective au 21 Baker Street à Londres et son fidèle ami le Docteur Watson sont chargés de protéger Sir Henry et de résoudre cette énigme. Le génial détective trouvera la solution en observant les portraits accrochés au mur du grand escalier dans le manoir. Ces tableaux représentent tous des générations d’hommes et de femmes, ancêtres de Sir Henri, et notamment celui de Sir Hugo, l’aïeul diabolique qui engendra la terrible malédiction. La ressemblance avec Stapleton va l’interpeller et celui-ci deviendra son principal suspect. Il lui tendra un piège, et sauvera ainsi le baronnet.
Stapleton était un descendant direct de Sir Hugo, issu d’une branche que tout le monde croyant éteinte et son objectif était de s’approprier le titre et les propriétés qu’il pensait lui être dus car il n’avait jamais pu admettre que sa famille ait été déshéritée dans l’oubli de tous. Il était le seul parent vivant de Sir Henri donc son héritier légal.
Cette histoire est une fiction mais elle est représentative de ce capital génétique et généalogique que nous ont transmis nos ancêtres.
Une autre histoire véridique, celle-ci, me vient à l’esprit.
Au moyen-âge, 14ème siècle, entre 1347 et 1352, une épidémie de peste dite « la peste noire » a décimé l’Europe, tuant pratiquement 50% de la population européenne. Les survivants ont développé des anticorps pour résister à l’effroyable pandémie. Ces gènes fortifiés ont été transmis à tous leurs descendants, soit pratiquement toute la population occidentale actuelle (Europe et Etats-Unis qui sont les descendants des européens du moyen-âge). Il s’est avéré que les épidémies de peste suivantes ont été moins meurtrières du fait des anticorps développés chez les survivants et leurs multiples descendants.
Le patrimoine génétique apporte aussi sa dose de maladies, difformités, atrophies ou autres tares héréditaires.
Ce fait est une évidence dans certaines dynasties royales particulièrement touchées par cette lourde hérédité, du fait des mariages arrangés entre les familles, les noces de la noblesse étaient encore plus consanguines que les mariages du peuple.
Le droit canon imposait des dispenses pour les mariages aux 3ème et 4ème degrés (ce que l’on voit souvent dans les registres paroissiaux pour ceux qui font de la généalogie) mais les nobles se mariaient souvent entre cousins au 2ème degré (cousins germains) sur plusieurs générations ce qui « affaiblissait la race ». Une expression populaire existe toujours pour parler de certains cas que l’on dit « être des fins de race ».
Quelques exemples me viennent à l’esprit, notamment le prognathisme habsbourgeois ou l’hémophilie que la reine Victoria a laissé à toute sa descendance européenne.
Le prognathisme habsbourgeois appelé aussi prognathisme autrichien ou lippe habsbourgeoise est une malformation héréditaire retrouvée dans la famille de Habsbourg, se traduisant par un important prognathisme inférieur, autrement dit, « le menton en galoche ». Cette malformation était due aux multiples mariages consanguins.
L’hémophilie est une maladie hémorragique héréditaire, longtemps appelée "maladie royale". La conductrice la plus célèbre de cette maladie est la Reine d’Angleterre et impératrice des Indes, Victoria, qui régna de 1837 à 1901. Son huitième enfant, Léopold, était atteint d’hémophilie. Il est décédé d’une hémorragie cérébrale à l’âge de 31 ans. Deux des filles de la reine, Alice et Béatrice étaient également porteuses de l’hémophilie et ont transmis la maladie aux familles royales d’Espagne, d’Allemagne et de Russie. Pour résumer les femmes sont porteuses du gène et les hommes développent la pathologie.
Pourtant développer des maladies auto-immunes n’est pas réservé qu’aux porteurs du « sang bleu ».
Certaines maladies ne peuvent se déclarer que si les deux parents sont porteurs du gène déficient et souvent c’est un ancêtre commun, lui-même porteur du gène maudit, qui l’a transmis à sa descendance. Au hasard des générations et des unions successives, il va se nicher et se développer chez un sujet qui héritera de ce patrimoine génétique malchanceux.
Sans parler de cas extrêmes, certaines particularités physiques peuvent s’expliquer par un aïeul à la 3ème, 6ème, voire 10ème génération, lui-même affublé d’un grain de beauté à un endroit similaire, ou atteint d’une cicatrice atypique, en forme d’étoile par exemple, d’un don artistique tel que la musique, l’écriture, la poésie, le chant ou d’autres dons plus sportifs que l’on retrouvera à la énième génération sans savoir d’où cela vient et pourquoi cet enfant-là est différent des autres par ses choix et ses capacités physiques ou intellectuelles.
Il y a aussi le langage verbal et le langage gestuel qui sont souvent innés et instinctifs même chez des personnes ne se côtoyant pas quotidiennement.
Aimez-vous Agatha Christie, auteur de romans policiers ?
Un de ses romans « Le Noël d’Hercule Poirot » raconte l’histoire d’un vieux grigou qui a plusieurs enfants légitimes, qui se vante d’en avoir des illégitimes et qui se fait assassiner car il veut changer son testament. L’assassin est sans doute un de ses enfants ! oui, mais lequel ?
Car ce qui parait évident ne l’est pas tant que cela et tout se joue sur les chassés croisés de personnages qui font se troubler la vue du vieux majordome croyant apercevoir plusieurs fois le même homme ressemblant au vieux Simon Lee assassiné.
L’enquête est conditionnée à cette fameuse ressemblance physique et gestuelle innée entre des personnes n’ayant jamais vécu ensemble et c’est cet indice révélateur qui permit au détective belge de résoudre l’énigme
J’ai essayé de faire le tour de la question et j’ai sans doute oublié d’évoquer des cas de figure précis mais pour l’instant, plus rien ne venant à mon esprit, je clôture mon billet sur le mot FIN
TOUS DROITS RÉSERVÉS V.B-BROSSE le 8 août 2016
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