MILLÉNAIRE CAPÉTIEN 13 FÉVRIER 1987 HOTEL DE VILLE A LYON RHÔNE
Un article du journal le Monde a publié en date du 3 février 1987, l’article suivant que je retranscris littéralement :
« La presse a annoncé l'ouverture par M. Alain Poher, le 20 janvier, de l'année du millénaire capétien, en patronnant un colloque, en présence du duc de Cadix, dit duc d'Anjou (prince espagnol qui se proclame « l'ainé des Bourbons » et, partant, des Capétiens actuels, ce qui, généalogiquement parlant, est exact. Mais cette annonce peut faire naitre, chez un historien, plusieurs remarques. Le plus étrange de cette affaire est que l'élection d'Hugues Capet, en 987, ne se fit point du tout en invoquant un droit d'ainesse, mais justement au détriment d'un prince rival, qui détenait alors ce droit : Charles, duc de Basse-Lorraine, descendant ainé des Carolingiens (devant Hugues Capet), car les électeurs reprochaient audit Carolingien " de n'avoir pas rougi de se faire le serviteur d'un roi étranger ". La monarchie française possédait le statut le plus ancien de l'Europe, mais son caractère essentiel était de faire coïncider les droits des rois avec ceux de la nation. Celui que les royalistes dits "légitimistes" (et parmi lesquels se recrutent les fidèles du duc de Cadix) vénèrent comme leur " pape ", le comte de Chambord, l'a exprimé en une formule frappante : " La monarchie française, c'est la maison royale de France indissolublement unie à la nation. " Ainsi donc, les lois fondamentales de la monarchie n'ont jamais invoqué le droit d'ainesse des princes, qu'en l'accompagnant de la formule draconienne : " La couronne de France est inaliénable " (et ainsi donc aucun prince étranger ne peut la revendiquer). C'est toute l'explication de la fameuse loi salique, qui n'a jamais exprimé un principe antiféministe (dans un pays qui connut les plus éblouissantes des régentes), mais la volonté d'exclure les étrangers (car une princesse de France héritière du trône eût pu porter le royaume en dot à un prince étranger, son époux).Cela dit et rappelé, je vois mal comment un prince espagnol peut venir en France célébrer le millénaire capétien comme "ainé des Bourbons". Il l'est généalogiquement parlant, mais ce fait ne lui donne aucun droit dans l'ordre de nos coutumes séculaires ».
Alphonse de Bourbon le 13 février 1987 Hôtel de Ville Lyon Rhône (photo bibiiothèque municipale de Lyon)
Cela a fait ressurgir des souvenirs vieux de plus de 35 ans, puisque Lyon a fêté ledit millénaire capétien en son Hôtel de Ville le 13 février 1987, en présence de Francisque Collomb maire de Lyon, de Michel Noir, ancien maire de la Croix Rousse, ministre de l’industrie et du commerce et du Duc de Cadix, en tant que descendant des Bourbons, lequel est cité dans l’article ci-dessus. Je le sais parce que j’étais présente, en tant que membre d’un groupe "Histoire et Vérité", (en fait je ne suis pas sûre du nom depuis tout ce temps). Ce groupe avait été créé à l'initiative de Mme Récamier (il me semble qu'elle était descendante de Juliette Récamier, femme de lettres françaises mais n'ayant aucune certitude, je ne l'affirmerai pas), et les réunions avaient lieu chez elle dans le sixième arrondissement de Lyon. C'était censé être un groupe historique, mais en fait, les membres affichaient leur soutien à la monarchie dite légitimiste, reconnaissant comme héritier du trône de France, ledit duc de Cadix, Alphonse de Bourbon, dit Alphonse II pour ses partisans. J'ai aussi souvenir d'avoir rencontré lors d'une de ses réunions, une auteure-compositrice qui avait réalisé un disque 33 tours racontant la vie et le combat de Mr de Charrette, héros de la chouannerie. En écrivant cet article, des souvenirs me reviennent, sortis du tréfonds tant de mon esprit que de mon passé.
(photo personnelle)
Suite à mes recherches sur internet, j’ai trouvé un article de Frédéric de Natal sur le site Vexilla Galliae, (source https://www.vexilla-galliae.fr/) que je retranscris ci-dessous à titre informatif :
« Lorsque le dernier des carolingiens, Louis V, meurt accidentellement lors d’une partie de chasse, ses pairs décident d’élire sur le trône Hugues Capet, comte de Paris. De 987 à 1792, de 1814 à 1848, différents rameaux des Capétiens vont se succéder sans interruption sur le trône de France. En 1986, suite à l’instigation du comte de Paris Henri VI d’Orléans et prétendant au trône de France, le Président de la République François Mitterrand décide d’organiser des commémorations afin de rendre hommage à la monarchie fondatrice de notre nation. Dès le début, François Mitterrand écarte volontairement le prétendant au trône légitimiste Alphonse II de Bourbon, duc de Cadix de l’organisation des festivités. La querelle dynastique agitant le monde monarchiste depuis la mort en 1883 sans enfants d’Henri V, comte de Chambord, François Mitterrand avait tranché de manière inquisitrice en ostracisant totalement le prince Alphonse de l’organisation des festivités. Si les médias français accordent alors une large place dans leurs journaux et chaînes télévisées au comte de Paris, c’est au chroniqueur Thierry Ardisson que le légitimisme devra de pouvoir se replacer au sein des commémorations du millénaire capétien. En décembre 1986, la sortie de son livre « Louis XX, contre-enquête de la monarchie » est un succès. La France (re-)découvre l’histoire de la maison de Bourbon et porte un regard nouveau sur l’un de ses princes héritiers, Louis-Alphonse tout juste adolescent que l’animateur Thierry Ardisson décrit « comme un gosse en jean et basket, faisant du skate dans une avenue chic de la banlieue madrilène ». Le prince Alphonse, deuxième du nom pour ses partisans, va fortement s’impliquer dans les commémorations qui lui permettront enfin de « pénétrer dans cette réalité qu’il incarne ». Le 21 janvier de chaque année, jour anniversaire de la mort de Louis XVI, est l’occasion pour les monarchistes des deux tendances d’affirmer autant la force du souvenir que de se rassembler autour de leurs princes respectifs. Entre lecture du testament du Roi décapité par une glaciale guillotine révolutionnaire et des cris de soutiens à la monarchie, c’est durant cet hiver 1987 que le prince Alphonse se rend à la Basilique Saint Denis afin d’assister à la messe traditionnelle d’hommage. Lieu symbolique par excellence, il a en son sein les tombes des Rois, princes et princesses de France. Il devient involontairement le temps d’une journée, le lieu de rivalité entre les deux branches dynastiques. La veille, il avait ouvert le Colloque d’ouverture de l’année capétienne au Palais du Luxembourg en compagnie d’Alain Poher, président du Sénat. Henri d’Orléans avait eu connaissance de la liste des personnalités pressenties au sein du Comité du millénaire. Chacun des noms avaient été scrutés à la loupe par le descendant de Louis Philippe Ier afin de repérer le moindre légitimiste qui aurait pu être susceptible de remettre en cause ses prétentions. Le comte de Paris ne cachait pas son indignation de voir les prétentions au trône de France du duc de Cadix s’étaler ouvertement dans les journaux français. Dans une lettre accompagnée d’un dossier complet qu’il fit remettre au Roi d’Espagne lors du sommet franco-espagnol, en mars 1987, Henri d’Orléans dénonçait les activités du prince Alphonse et de « son groupuscule d’aristocrates (qui) anime une campagne sépulcrale en France ». Le comte de Paris ne visait pas moins que le duc de Bauffremont, à la tête de l’Institut de la Maison de Bourbon (IMB) et appelait Juan-Carlos Ier d’Espagne à condamner officiellement les actions du Prince qui selon lui portait illégitimement le titre de « duc d’Anjou ». Une condamnation qui ne viendra jamais. Le 3 avril 1987, c’est à Noyon, lieu de sacre de Hugues Capet, que les festivités sont lancées. Le duc de Cadix n’a pas été invité. Le Comte de Paris reçoit la place d’honneur. Alphonse II de Bourbon dénonce ce manquement à l’étiquette qui ne le place pas parmi les membres éminents de l’assemblée. Bien déterminé à faire valoir ses droits sur ses festivités, le prince Alphonse n’en continua pas moins de parcourir la France. Une soixante de villes visitées, reçu autant par ses partisans que les Hauts-fonctionnaires de la République, dont les réceptions furent rarement perturbées par l’opposition. Excepté peut être dans la ville de Sète où la section locale du Parti communiste organisa une contre- manifestation à son arrivée. Le duc de Cadix est reçu à la Mairie de Lyon par les politiques locaux qui se pressent autour de lui tel que le Sénateur Gérard Collomb ou Michel Noir, ministre de l’Industrie et du Commerce. L’inauguration de l’exposition « Lyon et les Capétiens » à l’Université Lyon III marquera la fin de sa visite de 48 heures dans la capitale rhônalpine le 14 février. Il y reviendra régulièrement notamment le 12 septembre où Le primat des Gaules, le Cardinal Decourtray officia une messe en présence d’Alphonse II dans une cathédrale ornée des Lys de France et blason de la maison de Bourbon. De dépôt de gerbes (comme à Nantes aux pieds de la colonne Louis XVI où à Saint Malo sur la tombe de Chateaubriand) en messes commémoratives, le prince Alphonse peut compter aussi sur le soutien du duc de Bauffremont qui s’active en coulisse et au plus proche du Palais de l’Elysée. Jacques de Bauffremont, représentant officiel du duc de Ségovie Henri (VI) –Jacques de Bourbon depuis 1946 continuait ses activités de représentation depuis « l’avènement » d’Alphonse II en 1975. Titré prince de Marnay, charge héritée du Saint Empire romain, le duc de Bauffremont est à l’époque déjà une institution charismatique du monde légitimiste qui lui doit d’avoir remis les prétentions des princes Bourbons sur la couronne de France. Qualifiés par leurs détracteurs de « Blancs d’Espagne ou alphonsistes », les légitimistes avaient quasiment disparu du paysage politique monarchiste dans la première moitié du XXème siècle. Les prétendants étant plus préoccupés par leurs droits jugés plus crédibles sur le trône d’Espagne qu’un hypothétique trône de France dont la République s’empressera de faire voter une « loi d’exil » en 1886 et qui concernera tous les princes issus des anciennes maisons régnantes de France. En relation avec François de Grossouvre, alors Chargé de mission auprès du Président de la République, le duc de Bauffremont avait tenté d’obtenir une audience entre le duc de Cadix et François Mitterrand, en vain (1984). La république ignorait alors ses « princes étrangers » comme appelait le Président François Mitterrand cette branche des Bourbons, autant qu’elle avait manqué un rendez-vous de l’histoire en organisant le rapatriement du corps de Charles X, enterré encore aujourd’hui en Slovénie. A l’école militaire de Sorèze, le passage du prince Alphonse devant l’une des rares statues de Louis XVI encore debout, fera l’objet d’une plaque officielle. Reims, Carcassonne, Chambord sans oublier l’hommage rendu aux héros des guerres de Vendée, le prince Alphonse n’en oublie pas de répondre aux interviews des journalistes qui l’accompagnent. La France assiste à la division des monarchistes et tentent d’en comprendre les raisons. 200 clubs ou associations se réclamaient du mouvement légitimiste lors du millénaire capétien quand ce n’était pas des organisations politiques comme la Garde Blanche ou le Mouvement Chouan. Sans compter une multitude de journaux comme la « Gazette royale » ou « La légitimité » qui diffusent les idées du prince. Le 26 septembre, Henri d’Orléans confère des titres à ses deux petits-enfants, Jean et Eudes au château d’Amboise. Des milliers de monarchistes se sont rassemblés pour cette occasion. Les fêtes du millénaire capétien atteignent leur apogée autant qu’elle révèle également au grand public les dissensions entre le comte de Paris et son fils aîné le Comte de Clermont à qui on a refusé l’accès du site. Le lendemain, la « chaîne 5 » met à l’honneur le duc de Cadix en le présentant comme l’aîné des Capétiens à la télévision. Et plusieurs chaînes de télévision régionales de répercuter l’événement. Le millénaire capétien du duc de Cadix, Alphonse II de Bourbon s’achèvera le 18 Novembre 1987 lors d’un grand diner-débat au Concorde Lafayette (Paris) organisé par l’Institut de la Maison de Bourbon. Un repas qui réunira plus de 500 personnes autour du prétendant et de la duchesse de Ségovie. Parmi les invités, Thierry Ardisson dont le livre a définitivement contribué à « donner au légitimisme, une apparence moderne. Désormais, le royalisme légitimiste se vit autant dans les chapelles que les boîtes de nuit branchées. ». C’est assurément un succès pour la mouvance légitimiste. L’année suivante, le Comte de Clermont futur Henri VII d’Orléans, décide d’intenter un procès (dit du Millénaire) à son cousin Alphonse de Bourbon pour lui interdire le port des armes de France « trois fleurs de lys d’or en position deux et un sur champ d’azur », et déclara que cette branche des Bourbons se servait d’un « symbole de la France », estimant là qu’il s’agissait d’un préjudice. Aux côtés du Comte de Clermont, les Princes Ferdinand de Bourbon- Sicile et Sixte- Henri de Bourbon- Parme. Ils seront déboutés le 21 décembre 1988 par le Tribunal de Grande Instance de Paris. Le légitimisme n’aura pas le temps de profiter de ce renouveau ni d’écrire les plus belles pages de son histoire. Le 22 janvier 1989, alors qu’il a décidé de tester une des pistes de ski pour le championnat du monde de ski alpin à Beaver Creek (Etat du Colorado, États-Unis), Alphonse de Bourbon, 52 ans, heurte à pleine vitesse un câble tiré en travers de la piste. Blessé mortellement au cou, il décèdera peu après. La légitimité venait de perdre un personnage charismatique qui incarnait de réelles perspectives de restauration de la monarchie laissant derrière lui désormais un jeune homme de 15 ans assumer seul son héritage dynastique et politique dans un nouveau millénaire capétien ».
Alphonse de Bourbon (photo internet)
Mais qui est donc cet Alphonse de Bourbon, cousin du roi d’Espagne et prétendant à la couronne de France pour les monarchistes légitimistes ? Si on s’en réfère au site Wikipédia, il est dit qu’Alfonso de Borbón y Dampierre), duc de Bourbon, duc de Bourgogne (titres de courtoisie), puis duc de Cadix et duc d’Anjou (Rome, Italie, 20 avril 1936 – Beaver Creek, Colorado, États-Unis, 30 janvier 1989), est le fils aîné de Jacques-Henri de Bourbon (1908–1975) et de sa première épouse Emmanuelle de Dampierre (1913–2012), fille de Roger de Dampierre (1892–1975). Et par conséquent petit-fils du roi Alphonse XIII (1886–1941) et cousin germain du roi Juan Carlos Ier d'Espagne. Aîné par primogéniture mâle des Capétiens, aîné des descendants en ligne directe d'Hugues Capet et de Saint Louis et chef de la maison de Bourbon à la mort de son père Jacques-Henri de Bourbon (20 mars 1975), les légitimistes le considèrent comme le roi de France de jure, sous le nom d'Alphonse II. Il possède la double nationalité espagnole (héritée de son père) et française (héritée de sa mère) et son passeport français porte la mention du titre de duc d’Anjou et de la qualification d’altesse royale. Le 25 novembre 1950, il est titré duc de Bourbon et de Bourgogne par son père, (il s'agit de titres de courtoisie). Le 19 juillet 1969, ce dernier accepte (à la demande de son fils aîné), par une lettre envoyée à Francisco Franco, la désignation comme futur roi d'Espagne de son neveu, Juan Carlos de Bourbon. Cette acceptation est faite « en vue du bien commun de l’Espagne, de la paix et de la prospérité du peuple espagnol ».Le 23 juillet 1969 à Madrid, Alphonse de Bourbon signe à son tour, comme le fait également l'infant Louis-Alphonse (cousin germain de Jacques-Henri de Bourbon), un acte d’acceptation de la désignation par Francisco Franco de son cousin germain Juan Carlos comme futur roi d’Espagne. Le 8 mars 1972, en la chapelle du palais du Pardo, près de Madrid, il épouse Carmen Martínez-Bordiú y Franco (1951), fille de Cristóbal Martínez-Bordiú (1922-1998), marquis de Villaverde, et de Carmen Franco (1926-2017), elle-même fille du général Francisco Franco. De ce mariage naissent deux fils, François (1972-1984) et Louis-Alphonse (1974). Cette union est déclarée nulle par l'Église catholique le 16 décembre 1986 (séparés dès 1979, les deux époux avaient divorcé le 24 mai 1982 à Madrid). Le 22 novembre 1972, pour la naissance de son fils François, il est titré duc de Cadix avec qualification d'altesse royale par décret du général Franco (grand-père de Carmen Martínez-Bordiú), qui devient arrière-grand-père pour la première fois.
Alphone de Bourbon (photo internet)
Pour en revenir à l’époque de la célébration du millénaire capétien à l’Hôtel de Ville de Lyon, en date du 13 février 1987, j’étais encore très jeune (je venais d’avoir 27 ans depuis deux mois), et je venais de vivre une tragédie personnelle en perdant mon premier enfant de la mort subite du nourrisson, neuf jours plus tôt. Ayant fait mienne la devise paternelle «si tu te sens faiblir, pars sans te retourner», j’avais refusé de sombrer, en apparence, dans un chagrin dévastateur. La vie continue, dit-on et c’est la raison pour laquelle, j’avais repris mon travail le lundi suivant les funérailles qui avaient eu lieu le vendredi 6 février. D’ailleurs même ce soir-là, nous avions assuré la sonorisation d’une conférence dans un hôtel lyonnais, car c’était prévu et organisé depuis longtemps et nous ne pouvions pas nous permettre de faire faux bond aux organisateurs. Rester chez soi à se morfondre n’aurait servi à rien, et cela n’aurait malheureusement pas rendu la vie à notre bébé chéri. La plaie béante d’une telle souffrance, ne cicatrise jamais. 35 ans plus tard, elle est toujours présente et se rappelle douloureusement lors des anniversaires de naissance et de décès. Ayant reçu une invitation plusieurs mois auparavant, pour assister à cette manifestation, je m’y suis rendue, le cœur attristé, certes, mais en pensant que pendant le temps de ce cocktail, je ne penserais pas à ce chagrin si violent.
Les membres du groupe "Histoire et Vérité" étaient forts attentionnés à mon égard, et de ce fait, je ne me suis pas sentie trop mal à l’aise dans un univers inconnu et flamboyant. Dans ce genre de situation, je repense toujours à ce conseil paternel plein de bon sens : «si tu te sens inférieure aux personnes d’une caste sociale supérieure, imagine les assis sur un WC, pantalon ou culotte sur les chevilles et tu verras qu’ils ne sont pas si différents des autres». Cela peut paraître bizarre mais ça a marché pour moi, chaque fois que je me suis retrouvée confrontée à ce genre de situation, notamment lors des sonorisations de soirées dansantes de gens très aisés sur Lyon plus tard.
Bien évidemment, après les discours officiels des différentes personnalités je leur ai été présentée et de mes souvenirs enfouis, ressurgissent quelques bribes.
Francisque Collomb m’a saluée poliment avec un petit compliment de circonstance, mais son expression était plein de bonhomie.
Francisque Collomb maire de Lyon de 1983 à 1989 (photo internet)
Michel Noir, quant à lui, était certes courtois et aimable mais il m’a laissée l’impression d’un « dragueur » dont le regard déshabillait la gent féminine. En me saluant, il a rajouté « décidément mes croix-roussiennes sont vraiment charmantes ».
Michel Noir ministre de l'industrie et du commerce en 1987 et maire de Lyon à partir de 1989 (photo internet)
Quant à Alphonse de Bourbon, avec lequel j’ai échangé un peu plus longtemps, il a été touché d’apprendre que j’avais perdu récemment mon enfant et c’est avec beaucoup d’empathie, qu’il m’a parlé de la perte de son fils François, trois ans plus tôt, le 7 février 1984, un chagrin qui ne l’avait jamais quitté depuis. Même si les mots ne sont que des mots, il m'a dit comprendre ma peine et cette courtoisie est restée enfouie dans mon souvenir, au même titre que d'autres rencontres particulières ou anecdotiques. Je rajoute que sa maîtrise du français était impeccable. Je suppose que le français était une condition obligatoire chez tous les descendants de Philippe V, son ancêtre fils de Louis XIV, devenu roi d'Espagne à la succession de Charles II, ce roi issu de mariages consanguins, débile, chétif et stérile, ayant hérité notamment des tares de la dynastie des Habsbourg dont le prognatisme entre autres particularités.
Alphonse de Bourbon Millénaire Capétien Hôtel de Ville Lyon 13 février 1987 (photo personnelle)
La soirée s’est écoulée ensuite paisiblement. Il y a eu des prises de photos que je regrette de ne pas avoir demandées ensuite et je ne conserve que quelques photos que j’ai prises moi-même.
J’ai ensuite pris de la distance avec le groupe car je me suis retrouvée enceinte de mon deuxième enfant, et le traumatisme vécu avec la perte de mon aÎné, se rajoutant au travail intensif, ne m’a pas permis de pouvoir tout gérer.
Je n’ai entendu reparler d’Alphonse de Bourbon qu’en janvier 1989. Mon second fils devenu l’aîné avait un an. Je me revois assise en face de lui, gigotant sur sa petite chaise, pendant que je lui essuyais la bouche, lorsqu’un flash info a annoncé la disparition tragique du Duc de Cadix, dans un accident de ski. Le journaliste précisait qu’il avait été décapité par un câble. C’était le 30 janvier 1989, et je n’ai pas pu m’empêcher de faire comme réflexion, qu’il était mort dans les mêmes conditions tragiques que son lointain ancêtre Louis XVI guillotiné le 21 janvier 1793.
Quelle destinée tragique pour cet homme que j’avais trouvé si correct, charmant, poli et réservé lors de notre rencontre en 1987 et une tristesse fulgurante m’a traversée, en souvenir de cette soirée, déjà révolue, comme faisant partie du passé, dans mon esprit.
C’est si loin tout ça.
Le temps a passé, j’ai quitté Lyon et je suis désormais une modeste retraitée, vivant dans la solitude de sa campagne, loin des préoccupations superficielles de ce genre de réceptions mondaines.
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Tous droits réservés 29 septembre 2022
Viviane B-Brosse alias Sherry-Yanne
Copyright N°00067596
Publié sur mon site personnel « sherryyanne.com » le même jour
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Certaines photos ont été trouvées sur internet, sans mention de droits, mais pour les autres, ce sont des photos et illustrations personnelles (à ne pas copier ou reproduire).
Merci de votre courtoisie !
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Pour plus d’information article de presse sur ce sujet : https://numelyo.bm-lyon.fr/
Historique : Le dernier Capet, le duc d'Anjou et de Cadix, venu d'Espagne, était reçu, le 13 février 1987, dans les salons de l'hôtel de ville de Lyon. On célèbre, en effet, le millénaire capétien. Un comité s'est constitué sur le plan national, tandis qu'à Lyon s'est créée, pour la circonstance, une association baptisée "Les Amis des grandes heures de Lyon", que préside le conservateur des archives municipales, Henri Hours. Derrière ce comité des "grandes heures", se trouvent aussi les nouveaux "légitimistes" lyonnais qui furent, jadis, très actifs, avec Antoine Lestrat, mais dont le militantisme s'était naturellement éteint jusqu'à ce qu'une équipe de jeunes aient décidé de reprendre ce flambeau vacillant sous l'impulsion d'une vraie militante, Mme Récamier, par ailleurs liée au courant intégriste de Mgr Lefebvre. Pour cet anniversaire historique, tout un programme est mis sur pied : vin d'honneur et déjeuner au conseil régional à Charbonnières (14 février), inauguration de l'exposition "Lyon et les capétiens" au Salon Lirondelle de l'Université, suivies par d'autres manifestations prévues pour mai-juin 1987, toujours à Lyon. Source : "Le duc d'Anjou à Lyon" / Paul Gravillon in Le Progrès de Lyon, 14 février 1987, p.9. A l'occasion du millénaire capétien, un soyeux lyonnais, Georges Alain Palluy (société G.A.P.), édita un foulard de soie, imprimé et roulotté selon les meilleures traditions de la région. Cette réalisation, témoignage d'un savoir-faire, illustrait avec des blasons armoriés l'élection d'Hugues Capet par une assemblée électorale de province en 987 (cf. Le Tout Lyon, 5 février 1987, p.4).
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Couronne photographiée le 13 février 1987 lors de la réception pour le millénaire capétien à l'Hôtel de Ville de Lyon (photo personnelle)
Bonne continuation à vous toutes et tous !