LES IMPLEXES EN GÉNÉALOGIE
Dans les différents groupes de généalogie sur Facebook, notamment concernant les utilisateurs de Geneanet, site de généalogie français dont je suis membre depuis 2004, je lis souvent des réflexions du genre :
« j’ai dû me tromper quelque part, car il y a un truc que je ne comprends pas mais des ancêtres du côté de mon père, le sont aussi du côté de ma mère. Qu’est ce que je dois faire pour rectifier cette erreur ? »
Et, non, il n’y a pas d’erreur, c’est tout simplement ce qu’on appelle un implexe.
Qu’est ce qu’un implexe en généalogie ?
Un implexe est un individu qui apparaît plusieurs fois dans l’arbre généalogique. En effet, par le jeu des mariages consanguins, à des degrés plus ou moins lointains, il arrive fréquemment d’avoir des ancêtres identiques sur plusieurs branches. Les mariages étaient souvent arrangés dans un souci de préserver des alliances patrimoniales, dans l’intérêt des familles des deux futurs époux.
Sous l’ancien régime de la monarchie, les unions étaient uniquement des bénédictions religieuses et les fiancés devaient fournir une dispense de consanguinité signée par le curé de leur paroisse, attestant le degré de cousinage. Tout mariage au-delà du 4ème degré ne nécessitait pas de dispense de l’évêché, mais pour les unions de 2ème degré (cousins germains (cousins au 1er degré) avec mêmes aïeux ou grands-parents), 3ème degré (cousins au 2ème degré avec mêmes bisaïeux ou arrière-grands-parents) et 4ème degré (cousins au 3ème degré avec mêmes trisaïeux ou arrière-arrière-grands-parents), il était obligatoire d’obtenir une dispense de l’évêque du diocèse du ressort de la paroisse concernée, autorisant la célébration des noces, et pour les unions entre cousins germains, c’était même une dispense papale qui était de rigueur.
Pendant la période dite de la révolution française, l’état-civil fut créé(1792) ainsi que le principe des communes remplaçant les paroisses reléguées à la dimension religieuse.
De plus, autrefois les gens se déplaçaient moins qu’actuellement, et pour peu, que ceux-ci vivaient à la campagne, et même en tenant compte des 4 degrés de consanguinité, (équivalant à 80 ans ou 100 ans, selon qu’on estime qu’une génération se calcule sur 20 ans ou sur 25 ans), les générations suivantes oubliaient vite une filiation commune, remontant à pratiquement un siècle plus tôt, et s’épousaient sans se poser de questions.
Personnellement, j’habite dans un village et ma famille fait partie des plus anciennes,(sans doute avant le 16ème siècle) au même titre que d’autres patronymes que je ne citerai pas dans cet article. Lorsque je discute avec ma mère, des familles actuelles, je me rends compte que tous les habitants originaires du village (soit par naissance, soit en étant enfant de) ont un lien de cousinage plus ou moins lointain.
Si on faisait un test ADN a l’ensemble des villageois, je pense qu’il y aurait des dénominateurs communs dans 90% des relevés (voire plus).
Dernièrement, j’ai eu une discussion avec un ami qui me demandait de faire des recherches sur sa famille, et je lui ai appris que nous avions des liens communs très lointains dans deux branches différentes (paternelle et maternelle). J’avais son aïeul paternel en filiation directe dans mon arbre depuis plusieurs années et je me doutais bien qu’au vu du patronyme, il pouvait y avoir un lien quelconque, mais sans avoir cherché à en savoir plus. Lorsqu’il m’a demandé de suivre la piste de sa branche patronymique, il s’est avéré qu’en fait, au 18ème siècle, son ancêtre né dans une autre paroisse, avait épousé la sœur consanguine (même père mais mère différente) de mon aïeule à la 9ème génération, et donc que l’ancêtre à la 10ème génération, nous était commun. Les aïeux de cet ami sont restés dans notre village ancestral et y ont fait souche. Leur descendance y vit toujours.
J’ai pris cet exemple pour établir le fait que plus on remonte dans le temps, et plus on trouve des cousinages et par conséquent des implexes.
Mais sans aller chercher si loin, il est facile de constater que de nombreux habitants de mon village sont de lointains cousins, en remontant sur quelques générations, sans aller au-delà de la 5ème génération.
Comme Miss Marple, le personnage d’Agatha Christie qui étudie la personnalité humaine à travers ceux de son village de Ste Mary Mead, je me sers du mien, pour démontrer ce principe des cousinages qu’on retrouve non seulement dans toutes les campagnes rurales de France, mais aussi dans certaines grandes villes car le phénomène migratoire qui veut que les immigrés se regroupent en priorité dans des villes où sont déjà installés des gens venus de leur bled d’origine, (migration intra-européenne au début du 20ème siècle puis maghrébine à partir de 1962) se concevait déjà ainsi, autrefois lorsque les migrations consistaient à quitter les campagnes pour les villes offrant plus de possibilité de survie. Lors des épousailles, il n’était pas rare que les familles citadines, aillent chercher le prétendant (ou prétendante) de leur choix, chez leurs proches restés dans le milieu paysan.
Ma généalogie n’échappe pas aux nombreux implexes qui la constituent, et plus on remonte les siècles et les générations, plus on va se rendre compte que certains ancêtres le sont au moins 10 fois voire plus. En reprenant mon arbre, je peux dire qu’à partir de la 6ème génération à partir de moi (sosa 1), il y a des sosas (ancêtres) qui se croisent en permanence dans mon arbre, naviguant entre les branches paternelle et maternelle, malicieusement. En 20 ans de pratique généalogique, je me suis habituée à ce cas de figure qui revient régulièrement.
Actuellement, j’ai pratiquement terminé ma 9ème génération (il me manque à vérifier encore 13 couples), mais j’ai par conséquent pratiquement tous les noms de la 10ème génération, et en recoupant mon arbre, avec ceux des autres généalogistes sur le site Geneanet, j’ai déjà plein de pistes pour aller au-delà de cette 10ème génération, si les archives détiennent les registres, sinon, je ne pourrai pas aller plus loin de toute façon. Dans l’ensemble, j’ai des pistes jusqu’à la fin du 16ème siècle (dans les années 1580) et des certitudes jusqu’au 17ème siècle.
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Tous droits réservés 20 janvier 2023
Viviane B-Brosse alias Sherry-Yanne
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Publié sur mon site personnel sherryyanne.com
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