ANCÊTRES PATERNELS BROSSE-FONT SOSAS 4 ET 5 GÉNÉRATION 3
ANCÊTRES PATERNELS CLAUDIA FONT ET JEAN-MARIE BROSSE
SOSAS 4 ET 5 GÉNÉRATION 3
J’aime écrire des articles sur certains de mes aïeux pour laisser une trace à tous leurs descendants et notamment à ceux qui reprendront le flambeau lorsque je ne serai plus en capacité de le faire. J’aimerais le faire pour chaque couple mais cela prend beaucoup de temps alors j’avoue que mes choix se font un petit peu au hasard.
Ecrire sur mes grands-parents est pour moi important, mais je remets toujours à plus tard pour tout un tas de raisons d’ordre privé. Pourtant, je me limite dans chacun de mes écrits sur des aïeux, à ne choisir que des personnes décédées ayant plus de 100 ans, afin de respecter la loi sur le droit à la vie privée (CNIL).
Autrefois, les « vieux » transmettaient aux « jeunes » l’histoire familiale sur plusieurs générations, lors des veillées familiales mais comme tout a disparu et que plus rien ne se transmet, plus personne ne saura d’où il vient s’il n’y a pas des « transmetteurs », qui se servent des moyens modernes à disposition pour partager l’histoire familiale, pour ceux qui naîtront dans le futur et seront curieux de connaître leurs origines, leur ascendance.
Je fais de la généalogie pour savoir d’où je viens et pour transmettre à mes enfants, neveux et nièces et leurs descendants et j’écris pour qu’on n’oublie pas ces hommes et ces femmes qui nous ont précédés et qui font que nous sommes ce que nous sommes.
Claudia et Jean-Marie sont les parents de mon père, et par conséquent, ce sont mes grands-parents paternels.
Mon grand-père était jovial, bon vivant, et ce n’était pas du tout un adepte de la religiosité. Il savait lire, mais pas vraiment écrire, par contre il était imbattable en calcul mental. Ma grand-mère, quant à elle, était instruite, intellectuellement au-dessus de la moyenne et catholique pratiquante ayant été éduquée par une famille très portée sur la religion. Cela me paraissait tellement à l’opposé, que je me suis toujours demandée comment ils avaient pu se rencontrer. Ce n’est que lorsque j’ai fait de la généalogie, que j’ai envisagé une probabilité très plausible sur ce sujet.
En effet Pierre Berne, le grand-père maternel de Jean-Marie était le frère de Jeanne Marie Pierrette Berne, la grand-mère paternelle de Claudia et leurs parents étant cousins germains, ils avaient dû avoir l’occasion de se rencontrer et de se plaire puisqu’on dit souvent que les extrêmes s’attirent, à moins que le mariage ne fût arrangé, comme cela se faisait souvent autrefois.
Avant de continuer, il faut abandonner notre mentalité du 21ème siècle ou de fin du 20ème, car toute la structure sociétale de nos aïeux était différente de la nôtre, notamment dans le milieu rural ou le patrimoine foncier était très important. Lors des noces des uns et des autres, les parents arrangeaient les mariages de leurs enfants pour que les terres restent dans la famille et c’est la raison pour laquelle, on retrouve très souvent des dispenses de consanguinité des 3ème et 4ème degrés dans les actes de mariage d’avant la révolution. Tous les généalogistes sont confrontés à ce cas de figures qui créent des implexes (ancêtres communs) en remontant les générations.
Il y avait 4 degrés de parenté qui posaient problème à L’église catholique romaine. Au-delà du 4ème degré, de consanguinité, chacun pouvait épouser son cousin au 5ème ou 6ème degré sans problème.
- 1er degré : frères et sœurs ayant au moins un parent en commun ou les deux. On parle de frères et sœurs germains, lorsque les deux parents sont communs, de frères et sœurs utérins, lorsque seule la mère est commune et de frères et sœurs consanguins lorsque seul le père est commun.
- 2ème degré : cousins germains ayant des grands-parents ou aïeux communs. Pour épouser son cousin germain ou sa cousine germaine, il fallait obtenir une dispense papale (autorisation accordée par le pape uniquement)
- 3ème degré : cousins issus de germains ayant des arrière-grands-parents ou bisaïeux communs.
- 4ème degré : cousins issus d’issus de germains, ayant des arrière-arrière-grands-parents ou trisaïeux communs.
Pour ces deux derniers cas, les futurs époux devaient obtenir une dispense auprès de l’archevêque du ressort de leur paroisse.
Après la révolution, le mariage républicain autorisait les unions des 2ème, 3ème et 4ème degrés sans aucune dispense, ce qui n’était sans doute pas le cas pour les mariages religieux mais n’ayant pas besoin des actes religieux pour établir ma généalogie, je n’ai pas cherché à en savoir plus.
Une fois ces précisions apportées, je vais repartir sur les traces de Jean-Marie et Claudia.
Jean-Marie est né en 1905 à la Cula (Loire), fils de Pierre-Marie Brosse, forgeur et agriculteur et de Francine Berne, ménagère et agricultrice. Il est l’aîné de la fratrie. Sa mère a plusieurs enfants dont le dernier a 21 ans de moins que lui. Il a donc dû abandonner l’école assez tôt (vers 9 ans, il me semble) pour subvenir aux besoins de la famille en louant ses bras. On le retrouve en 1922 chez Richard Meiller à St Martin la Plaine (Loire). Il a 17 ans et il est forgeron. C’est un jeune homme costaud, aux bras musclés, qu’il conservera toute sa vie. Enfant j’admirais la puissance de ses bras quand il martelait le fer pour le forger sur l’enclume.
Etablissement Richard Meiller (forge) en 1922 à St Martin la Plaine (Loire)
Jean-Marie est le 2ème en partant de la gauche, bras croisés
Comme tous les jeunes hommes, à 20 ans, il fait son service militaire et pour lui, cela se passe à la caserne de la Part-Dieu à Lyon (laquelle a été détruite en 1965, pour construire le complexe commercial de la Part-Dieu).
Jean-Marie en 1925 (20 ans)
CASERNE DE LA PART-DIEU A LYON
(sans doute avant 1925 mais je n'ai aucune datation)
Jean-Marie pendant son service militaire en 1925 (photo de groupe)
Jeanne Marie Claudine dite Claudia, quant à elle, est née en 1907 à Sainte Catherine (Rhône) dans une dépendance du château des Marrel où son père était régisseur, de Jean-Pierre Font et de Marie Pierrette Lassablière dite Perrine. Elle a une éducation de demoiselle. J’ai souvenir de cartes postales échangées avec son père qu’elle m’avait fait lire lorsque j’étais enfant, et cette correspondance était assez similaire à celle qu’on peut lire dans les histoires de la Comtesse de Ségur, par les mots et le ton employés aussi bien par son père que par elle-même.
Ses parents quittent Sainte Catherine et s’installent à Saint Romain en Jarez (Loire) leur village d’origine. Son père est mobilisé en 1914 et part au Front. Il est sergent. Il est revenu au moins deux fois, en permission puisque deux sœurs naissent en 1915 et 1917. Jean-Pierre était à Verdun et il a eu la croix de guerre, ce dont ma grand-mère était très fière quand elle me la montrait.
Jean-Pierre et Perrine mes arrières-grands-parents paternels
photo prise pendant la période 1914-1918
La vie reprend après la guerre.
Claudia obtient son certificat d’étude en étant 2ème du canton et elle étudie chaque dimanche avec le curé de son village pour passer un brevet (ma grand-mère disait « bachot » mais je ne suis pas sûre que ce soit bien le terme exact) où elle se classe 7ème sur 400, ce qui me rendait admirative, lorsque j’étais enfant et qu’elle me racontait cela.
Claudia vers 1920 (environ 13 ans)
Comme Jean-Marie, en tant qu’aînée de la fratrie, elle s’occupe de ses deux petites sœurs Marie et Jeanne.
Claudia est la marraine de Jeanne lors du baptême de cette dernière, et c’est à ce moment-là qu’elle perd son premier prénom de Jeanne pour celui de Claudia.
C’est un paradoxe qu’on retrouve souvent en généalogie, les frères et sœurs aînés choisis pour être parrains et marraines des plus jeunes, leur donnent leur prénom selon la coutume qui veut qu’un garçon ait le prénom de son parrain et une fille, le prénom de sa marraine. Par conséquent, pour les différencier, il faut ajouter un sobriquet ou leur donner un autre prénom usuel.
Dans ce cas ma grand-mère qui a été « Jeanne » pendant 10 ans devient « Claudia » quand sa sœur Jeanne nait, c’est ce qu’elle m’a expliquée lorsque j’étais enfant, lors de nos nombreuses conversations concernant sa famille et l’ascendance de celle-ci.
A quel moment, Jean-Marie et Claudia envisagent-ils des fiançailles puis un mariage entre eux? Comment sont-ils passés d'une relation cousins 2ème degré (cousins issus de cousins germains) à celle d'amoureux, puis de fiancés et d'époux? Je n’ai aucun souvenir d’avoir entendu ma grand-mère aborder ce sujet. Je savais juste qu'il y avait un lien de parenté entre les deux familles mais ce n'est qu'en faisant de la généalogie que j'ai découvert la filiation des uns et des autres.
Claudia en 1929 ou 1930 (environ 22 ou 23 ans)
Ils se marient en 1931 et mon père nait un an plus tard.
Je n’ai aucune photo de cette période, et notamment de leur mariage, ce que je regrette vivement car je trouve touchant ces vieux clichés de mariage où on voit deux jeunes gens sourire à la vie, surtout quand on ne les a connus qu’âgés voire très âgés.
Après leur mariage Jean-Marie et Claudia vivent à Saint Martin La Plaine (Loire). L’époux est forgeron et a une petite forge vers l’ancienne mairie (devenue bibliothèque de ce village). L’épouse, quant à elle, est sans doute ménagère, une expression utilisée autrefois pour désigner les femmes au foyer qui s’occupaient de leur ménage et de leurs enfants.
Mon père est scolarisé à l’école privée des garçons jusqu’en 1944, où il obtient son certificat d’études en étant premier du canton.
SAINT MARTIN LA PLAINE années 1930 (environ)
Mairie devenue la Bibliothèque dans les années 1990.
Mes grands-parents vivaient dans ce secteur
Et mon grand-père y avait sa forge
Ensuite ses parents reviennent s’installer à Saint Romain en Jarez (Loire), dans la demeure qu’occupaient les parents de Claudia, décédés respectivement en 1943 pour Perrine et 1947 pour Jean-Pierre.
Les parents de Jean-Marie demeurent quant à eux toujours à la Cula (Loire) ou Pierre-Marie meurt en 1948 laissant Francine veuve. Elle lui survit presque 20 ans puisqu’elle meurt à son tour en 1967. C’est la seule arrière-grand-mère pour ne pas dire le seul arrière-grand-parent que j’ai connu.
Je suis née en 1959 et j’ai des souvenirs de mes grands-parents relativement anciens, une mémoire d’enfant, une mémoire sélective sans aucun doute, mais je suis heureuse d’avoir ces souvenirs personnels.
Mon grand-père avait une forge bâtie à côté de sa maison et je le revois avec sa « basane », devant le four chaud, son bras levé pour tordre le fer sur l’enclume. Il dégageait une telle impression de force que je le regardais avec une admiration enfantine. C’était un bon vivant qui fédérait autour de lui, le même groupe de copains venus de son ancien village et qui s’entendait très bien avec son jeune frère et son beau-frère, mari de Jeanne, sœur de Claudia. Il était facétieux et son visage dégageait une bonhomie sympathique.
Ma grand-mère, quant à elle m’a appris à lire et écrire avant même que j’entre à l’école maternelle, à l’âge de 5 ans. Elle m’a aussi appris le crochet, elle m’a parlé pendant des heures de sa vie, de ses parents, de sa famille au sens large, m’inoculant ainsi le virus de la généalogie et lorsque j’ai tout collationné, plus tard, quand j'ai atteint l'âge qu'elle-même avait, lors de nos conversations, je me suis rendue compte qu’elle connaissait toute la filiation familiale de ses père et mère jusqu’à la 6ème génération (8ème pour moi) et je trouve cela fantastique, car ce n’est pas tout le monde qui a la chance d’avoir une grand-mère férue de généalogie.
De plus, c’était une féministe convaincue et avant-gardiste pour sa génération. Elle m’a inculquée le droit à l’égalité en droits et en devoirs pour les femmes dans une société patriarcale et machiste depuis que je suis en âge de comprendre.
Pour anecdote, tout comme moi, elle accolait son nom patronymique à son nom marital et pour l’époque, ce n’était pas courant.
Ma grand-mère paternelle était une femme extraordinaire à mes yeux, cumulant une culture incroyable, une liberté de pensée sur certains sujets (en opposition d’ailleurs avec sa foi catholique sincère, puisque les religions en général ont tendance à rabaisser les femmes au rôle d’épouse et de mère uniquement, leur refusant le droit d’être des personnes capables de penser et de s’assumer par elles-mêmes. Cette parenthèse n’étant que mon ressenti personnel, bien évidemment) et une immense tendresse pour ses quatre petits-enfants.
Elle m’a fait découvrir la lecture, la généalogie, l’histoire, la cause féministe et quelque part, c’est elle qui a creusé les fondations de la femme que je suis devenue plus tard et je pense souvent à elle avec amour et gratitude.
Mes grands-parents sont désormais tous les deux réunis dans le caveau familial où leur fils, mon père les a rejoints l’an dernier et je ne les oublierai jamais.
Que Dieu veille sur eux pour l’éternité !
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Viviane B-Brosse alias Sherry-Yanne
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Jean-Marie et Claudia en 1971 (66 et 64 ans)