ANCÊTRES MATERNELS FAYOLLE-MOULIN SOSAS 6 ET 7 GÉNÉRATION 3
ANCÊTRES MATERNELS ALBERT FAYOLLE ET MARIE MOULIN
SOSAS 6 ET 7 GÉNÉRATION 3
Albert Fayolle et Marie Moulin sont mes grands-parents maternels mais je n’ai pas connu mon grand-père car il est décédé en novembre 1945, environ 7 mois après son retour d’Allemagne où il est resté prisonnier 5 ou 6 ans sans revoir son épouse et ses enfants, comme beaucoup d’hommes de cette génération, hélas.
Mes souvenirs personnels ne se rapportent qu’à ma grand-mère, contrairement à mes grands-parents paternels que j’ai connu tous deux.
Albert est né en 1909 à St Chamond (Loire) de Claude Fayolle et de Marie-Anne Romain. Il est le dernier de la fratrie. Claude son père s’est marié deux fois, suite au décès de sa première épouse. Je n’ai trouvé que 3 enfants avec la première femme et 6 avec la seconde épouse mais Antonia sa sœur aînée disait qu’ils étaient au moins 15. Soit, je n’ai pas trouvé tout le monde, soit, Antonia avait la mémoire un peu défaillante. Claude son père meurt en 1912 et Marie-Anne se remarie en 1914 avec Antoine Gillier.
Marie-Anne Romain et Antoine Gillier (peut-être en 1914 lors de leurs noces)
Cette même année sa fille Antonia sœur d’Albert épouse Régis-Auguste Vinson.
Photo de mariage d'Antonia et Régis-Auguste en 1914
Albert a 5 ans et je suppose que son beau-père prendra la place du père dans son éducation. Je sais peu de choses sur Albert car ma grand-mère ne parlait jamais du passé en général et ma mère ne savait rien non plus.
C’est en faisant des recherches généalogiques, vers la cinquantaine, que je suis arrivée à retrouver des pans de cette histoire.
Sur une photo, on voit Albert et Antoine, tous deux en costume, et je pense qu’au vu de l’âge approximatif d’Albert, cette photo a été prise en 1929, l’année où Marie-Anne est décédée, âgée de 61 ans.
Albert et Antoine son beau-père sans doute en 1929 (après le décès de Marie-Anne ?)
Comme beaucoup de jeunes gens de cette époque, il a dû quitter l’école assez jeune pour travailler. Sur une photo de groupe, on le retrouve chez un cousin de Saint Romain en Jarez, en compagnie notamment de son neveu René, le fils d’Antonia mais aussi de Jean-Pierre Moulin oncle de son futur beau-père Joanny. La photo aurait été prise environ en 1928 ou 1929, car Albert a la vingtaine environ, son neveu ne parait pas avoir plus de 11 ou 12 ans, étant né en 1917 et Jean-Pierre est décédé en 1934.
Albert est le jeune homme aux bras croisés sur la gauche, tenant une casquette (photo fin des années 1920)
Comme tous les jeunes hommes, il est parti faire son service militaire avec les classes en 9 en 1929, l’année où sa mère est décédée. Il reste une photo de lui où il a fière allure dans son uniforme.
Albert à 20 ans (1929) en uniforme de l'armée
Marie nait en 1907 à St Romain en Jarez (Loire) de Jean-Pierre dit « Joanny » Moulin et de Antoinette Bailly. Elle est leur fille unique. Je sais peu de choses d’elle, finalement. Sur une photographie, elle est assise sur les genoux de son père avec sa mère debout à côté du fauteuil. C’est une enfant de 5 ans environ, une jolie petite fille. Elle est allée à l’école privée de Saint Romain en Jarez avec Claudia ma grand-mère paternelle puisqu’elles avaient le même âge.
Marie avec ses parents âgée de 5 ans environ (photo sans doute de 1912)
Je ne sais pas quand et comment les chemins d’Albert et de Marie se sont croisés mais étant donné qu’Albert avait des cousins Fayolle à St Romain en Jarez, qu’il a sans doute aidés, comme le laisse entendre la photo de groupe dont j’ai parlé plus haut, il a donc dû avoir l’opportunité de rencontrer Marie.
Leurs noces sont célébrées en 1932 à Saint Romain en Jarez. Albert devait sans doute porter le même costume que sur la photo de 1929 (environ) et Marie avait une robe blanche. Je n’ai pas de souvenir photographique du mariage de mes autres grands-parents mais pour Albert et Marie, j’ai un cliché les représentant tous deux ce jour-là.
Albert et Marie le jour de leurs noces en 1932
Ils s’installent à St Paul en Jarez (Loire) où Albert est manœuvre dans la métallurgie et syndiqué à la CFTC (Travailleurs chrétiens) selon une carte de 1945 mentionnant l’admission en 1938. Par contre sur sa carte de prisonnier de guerre en 1940, il est indiqué qu’il est chef d’équipe. Il est certain qu’il travaille dans le secteur de la métallurgie avant-guerre.
Albert et Marie ont eu 4 enfants de 1933 à 1937, deux filles et deux garçons dont l’un des garçons meurt à l’âge d’un mois de méningite.
En 1939, C’est la seconde guerre mondiale et malgré le fait qu’Albert ait charge de famille de 3 enfants en bas âge, il est obligé de partir guerroyer. Il est incorporé au 16ème régiment d’artillerie (R.A.D.A).
Albert dans son régiment d'artillerie à Gravanches (Clermont-Ferrand - Puy de Dôme) (1939-1940 sans doute)
CODE PÉNAL DU 16ème R.A.D.A
Suite à la défaite de la France en 1940, il est fait prisonnier et envoyé dans un camp de prisonniers en Allemagne d’où il ne rentrera qu’en mars 1945. Au vu de sa carte de prisonnier de guerre demandée à Caen, il serait passé par les stalags 1A à Stablack et 1B à Hohenstein en Prusse Orientale (Hohenstein est devenue la ville de Olsztyek en Pologne).
Le Stalag 1A, Camp de Prisonniers de Guerre, se situait en Prusse Orientale.
Le Camp central était à STABLACK où, en 1940, 23.000 Prisonniers de Guerre y furent immatriculés et répartis dans les kommandos suivants:
Angerapp Bartenstein Ebenrode Gerdauen Gumbinnen Heiligenbeil Heinrichswalde Heydekrug – Insterburg Königsberg Labiau Memel Eylau Schlossberg Tilsit Wehlau.
L’évacuation du stalag I-A
Lors de l’hiver 1945 est une grande tragédie de la guerre et semble difficile à décrire, ce sort est partagé avec le stalag I-B de Hohenstein, les hommes du camp principal et des Kommandos sont rapidement livrés à eux-mêmes, par un froid polaire et sous des feux croisés. Les troupes soviétiques coupant la retraite vers l’ouest.
Quelques colonnes de prisonniers arrivent à passer, les autres doivent tenter la traversée du Frisches Haff alors gelé mais fragile, sous le feu de l’aviation russe.
Si par chance le prisonnier de guerre sortait vivant de la traversée du Frisches Haff il risquait de retomber sur l’armée soviétique, de nombreux prisonniers de guerre du stalag I-A vont se retrouver dans des camps en union soviétique, leur rapatriement se faisant avec difficulté au cours de l’année 1945.
Source : https://prisonniers-de-guerre.fr/category/les-camps-de-prisonniers/les-camps-sur-le-territoire-du-reich/
Source : https://prisonniers-de-guerre.fr/stalag-1-b/
HOHENSTEIN est le stalag IB, en Prusse orientale, maintenant la ville de OLSZTYEK, en POLOGNE.
Le stalag IB Hohenstein était, durant la seconde guerre mondiale, un camp de prisonnier de guerre, situé à 2 kilomètres à l'ouest de Hohenstein.
Créé en 1939 pour abriter les soldats polonais capturés, avec le temps, il a été étendu pour accueillir également les Belges, les soldats français, italiens, serbes et soviétiques. Des conditions difficiles, la malnutrition, les mauvais traitements et les épidémies de typhoïde, ont conduit à de nombreux morts parmi les prisonniers. Notamment au cours de l'hiver 1941-1942 à peu près 25 000 personnes y sont mortes, principalement des soldats soviétiques.
On estime qu'au total, 650 000 personnes sont passées par ce camp et de ses sous-camps. Entre 50 et 55 000 d'entre eux ont été enterrés dans 500 charniers au SUDWA, cimetière situé à proximité. Le site est commémoré avec une pierre commémorative par Ryszard Wachowski. Depuis 1980, le musée municipal base-Olsztynek accueille une petite exposition consacrée au camp et de ses détenus. (source wikipédia).
Le camp a été libéré le 21/1/1945 par les soviétiques.
Source : http://ppasteprisonnierdeguerre.over-blog.com/2016/01/stalag-1b-hohenstein.html
Pour rappel, environ 1.580.000 prisonniers français furent transférés en Allemagne, dans les 28 camps pour officiers (Oflags) et 69 camps pour hommes de troupe (Stalags) des dix régions militaires (Wehrkreise).
Ils représentent environ 10% de la population française masculine adulte de l’époque ce qui porta durablement préjudice à la production agricole et industrielle française.
95% des prisonniers de guerre furent immédiatement transférés des Stalags dans 82.000 commandos de travail dans l´industrie, l´agriculture ou l´artisanat ayant eux-mêmes souvent leur propre camp, de taille variable, ou furent affectés à des commandos mobiles.A ce titre, ils perçoivent un salaire.
L’intérêt d’avoir des prisonniers de guerre est surtout d’ordre économique, un prisonnier non productif est une charge financière, d’où la décision, sous couvert d’humanité, de rapatrier ces hommes.
Source : https://prisonniers-de-guerre.fr/les-stalags/
Ce furent 6 longues années pour Marie et ses 3 enfants, lesquels avaient respectivement 6, 3 et 2 ans au départ de leur père et 12, 9 et 8 ans à son retour. Six années où personne ne sait comment a vécu Albert. En 2018, grâce à mon oncle qui m’a montré un carnet de photos que son père avait en sa possession en Allemagne, j’ai vu que ma grand-mère lui adressait des photos de ses enfants pour qu’il les voit grandir à distance et ce vieux carnet tout froissé a dû être ouvert et refermé à maintes reprises pendant ces années d’éloignement.
J’imaginais ce pauvre homme, si loin des siens, regarder ses photos, le soir après sa journée de labeur, en imaginant comment Marie et ses enfants pouvaient vivre sans père à la maison, pour les nourrir et les éduquer. A l’époque, il n’y avait pas toutes les aides auxquelles notre société moderne est habituée et la vie était très dure. Les enfants des prisonniers ont été placés pendant cette période, certains sont tombés dans de bonnes familles et d’autres non, comme ce fut le cas pour ma mère, leur fille.
En janvier 1945, les stalags sont libérés par les soviétiques et en mars 1945, Albert arrive à Marseille ou il remonte sur Lyon puis St Paul en Jarez pour retrouver son épouse et ses 3 enfants.
Comment décrire l’émotion de ces retrouvailles, je n’ai pas les mots justes.
Je sais que ma grand-mère aimait son époux d’un amour sans faille et que le fait de le serrer dans ses bras a dû être très intense. Je ne connais pas les réactions des deux aînés mais je sais que ma mère a eu peur de ce monsieur inconnu qui voulait l’embrasser car elle ne se souvenait plus de lui.
En 1945, l’aînée des enfants a 12 ans et toute la famille est enfin réunie pour fêter sa communion solennelle en mai. Ce sera la dernière photo de famille, la dernière photo d’un bonheur enfin retrouvé, après l’avoir attendu pendant de longues années. Un bonheur éphémère !
Albert tombe malade 3 mois plus tard et il est hospitalisé à la Croix Rousse à Lyon. Il meurt en novembre 1945, un drame immense pour toute la famille.
Albert en 1945 (photo du faire-part de décès)
Marie, ayant perdu sa mère en 1935, elle a pu survivre pendant les années de guerre, grâce à son père qui faisait le trajet St Romain en Jarez à St Paul en Jarez, pour lui apporter des vivres. Lorsque son père décède en octobre 1946, elle se retrouve complètement seule avec ses 3 enfants et elle quitte St Paul en Jarez, pour s’installer dans la maison de ses parents à St Romain en Jarez.
Marie dans les années 1940
Tenir une exploitation agricole, lorsqu’on est une femme seule ne devait pas être facile, et comme bien d’autres avant elle, elle épouse en février 1948, un homme qu’elle n’aimait pas. Celui-ci décède en 1965 et c’est comme s’il n’avait jamais existé car je n’ai jamais entendu ma grand-mère en parler. Par contre, elle ne me parlait que de son « cher Albert » qu’elle aimait tant, son seul amour.
Elle meurt en 2001, âgé de 94 ans, rejoignant ainsi son cher Albert, après une séparation de 56 ans qui se rajoutent aux 6 ans de la guerre, soit 62 ans de séparation totale.
Elle n’aura vécu que quelques années avec lui, si on ramène ce temps entre leur mariage en 1932 et le début de la guerre en 1939. 13 ans de mariage, 7 ans de vie à deux en réalité et 62 ans d’espérance en leurs retrouvailles.
J’espère qu’ils sont enfin heureux ensemble !
Que Dieu veille sur eux et leur petit garçon pour l’éternité.
En ce qui me concerne, je n’ai que de merveilleux souvenirs avec cette grand-mère qui était aussi ma marraine. Elle était différente de ma grand-mère paternelle et nous ne partagions pas les mêmes centres d’intérêts mais mes souvenirs ne sont que douceur et tendresse.
J’ai vraiment eu de la chance d’avoir les grands-parents que j’ai eu et je pense toujours à eux trois avec tendresse et nostalgie.
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Viviane B-Brosse alias Sherry-Yanne
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