ANCÊTRE PATERNELLE BERNE FRANCINE SOSA 9 MONOLOGUE

ANCÊTRE PATERNELLE BERNE FRANCINE SOSA 9 MONOLOGUE

ANCÊTRE PATERNELLE FRANCINE BERNE SOSA 9 MONOLOGUE

Francine, tu es la seule arrière-grand-mère que j’ai connue, car tu es décédée en 1967, dans ta 83ème année et moi j’étais dans ma 8ème année. De toi, je n’ai que de vagues souvenirs, notamment celui d’une grosse vieille dame, vêtue en noir, à l’aspect bourru, assise dans son fauteuil. Tu étais la « mémé de la Cula ».

A travers les témoignages de deux des cousines germaines de mon père, guère plus âgées que moi, j’ai une autre vision de ta personnalité, rigoriste, parfois à l’excès. Pour mon grand-père, ton fils, tu étais « une brave femme travailleuse ». Il était l’aîné d’une fratrie de sept enfants dont le benjamin avait 21 ans de moins que lui.

L’enfant que j’étais alors, ignorait encore que tu avais eu la douleur de perdre trois de tes enfants. En 1922, ce fut d’abord Anne née en 1919, morte 18 jours après son troisième anniversaire et puis en 1935, tu as perdu deux de tes enfants, André âgé de 20 ans (né en 1915) et Maria âgée de 28 ans (née en 1907), le premier de mort accidentelle suite à une chute de vélo et la deuxième de maladie (tuberculose il me semble).

Quelle effroyable douleur pour le cœur d’une mère. Je n’ose même pas l’imaginer, sachant que personnellement, lorsque j’ai perdu mon premier né, âgé de 4 mois, j’ai cru que le monde s’écroulait autour de moi et depuis 35 ans, tous les 4 février, j’allume la bougie du souvenir dans mon cœur, pour porter la flamme de mon amour inconsolable, jusqu’aux cieux.

Comme tu as dû souffrir, et je suppose que c’est le poids trop lourd de ce deuil maternel, qui t’a fait sombrer dans un rigorisme religieux dont tes petites-filles se souviennent encore, alors qu’elles sont septuagénaires.

Ton époux, mon arrière-grand-père que je n’ai pas connu, car il est mort en 1948, était un bourreau du travail, selon les dires de mon père. Il travaillait dur pour acquérir de nouvelles terres destinées à diverses cultures. J’ai beau cherché dans ma mémoire, je n’ai absolument aucun souvenir d’avoir entendu mon grand-père parler de son père, et à l’époque, cela ne m’a jamais vraiment interpellée. Celui-ci, étant l’aîné de la fratrie, avait dû travailler dès l’âge de 9 ans, délaissant la scolarité, comme beaucoup d’enfants alors, des mômes censés aider à subvenir aux besoins de la famille, dés leur plus tendre enfance, ce qui de nos jours, vaudrait aux parents, le retrait de leurs enfants et le placement de ceux-ci en foyer ou familles d’accueil pour maltraitance, assorti d’une sanction judiciaire.

Autre temps ! autres mœurs !

Notre société actuelle n’a pas le droit de juger les actes du passé à la lorgnette du présent. C’est malheureusement ce qui définit la nouvelle philosophie du « wokisme » et en soi, c’est complètement aberrant de juger les actes du passé avec notre mentalité du 21ème siècle.

Toi, Francine, j’ai du mal à t’imaginer jeune fille, sans doute enjouée et charmante.

Tu étais la sixième d’une fratrie de huit enfants, née le 13 août 1884, à St Romain en Jarez (Loire), fille de Pierre BERNE et Marie BOUTEILLE. Tes parents se sont ensuite installés à La Cula (Loire) lieu-dit Tapigneux, où ils sont décédés tous les deux, lui en 1915 et elle en 1925.

Comment s’est déroulée ton enfance ?

Je n’ai pas d’éléments à ce sujet. Je pense qu’à l’adolescence, voire même plus jeune, tu as sans doute été placée en tant que bergère ou domestique.

Étais tu bien traitée ?

Personne ne le saura jamais mais autrefois, le placement des enfants, dés leur plus jeune âge, n’avait rien à envier à cette forme d’esclavage moderne, que l’on retrouve encore dans les continents africain et asiatique, lequel consiste à faire travailler des enfants, pour l’équivalent de quelques euros mensuels, afin de produire au moindre coût, et permettre d’engranger des revenus substantiels pour ceux qui emploient cette main-d’œuvre peu coûteuse.

A la vingtaine, tu as épousé Pierre-Marie qui avait 15 ans de plus que toi et en 21 ans, vous avez eu sept enfants, dont trois mourront jeunes comme il est dit ci-dessus.

As-tu été heureuse avec ce mari « forçat du boulot » ?

Nul ne le saura car toi-même, tu étais dure à la tâche, une maîtresse-femme dont la poigne devait se ressentir sur toute la maisonnée.

Je possède deux photos de toi, l’une avec une de tes petites-filles, bébé, et l’autre où tu poses à côté d’un porc bien nourri, destiné sans doute à finir en saucissons, le pauvre, comme l’ensemble de ses congénères.

Je ne te connais pas assez pour te raconter. J’ai appris certaines choses, ces dernières années, à travers le témoignage de certaines cousines germaines de mon père, lesquelles ont vécu près de toi dans leur enfance, et subi ton courroux et tes réprimandes de catholique psychorigide. Franchement, cela frisait l’excès de religiosité, ce que l’on pourrait dire de manière plus triviale, de bigoterie.

Mon père ne m‘a pas vraiment parlé de toi, donc je ne peux que me baser sur les souvenirs de tes deux petites-filles pour te définir, en tant qu’individu. Par contre il conservait l’image d’une femme courageuse, n’ayant pas peur du labeur rude des campagnardes, menant de front la vie familiale et les taches d’une agricultrice.

Comme dit plus avant, tu étais la sixième enfant de la fratrie, composée de cinq filles et de trois fils. Françoise (1872) était la fille aînée, suivie de Marie (1876), Jeanne Marie (1878), Etienne (1879), Jean Baptiste (1881), toi (1884), Marie Pierrette (1886) et enfin Etienne Marie dit Marius (1889).

Ton père, mon trisaïeul sosa 18, était le frère de Jeanne Marie Pierrette dite Marie BERNE, épouse de Jean Baptiste FONT, ma trisaïeule sosa 21.

Ceux qui font de la généalogie, savent que ces consanguinités de 3ème, 4ème degré ou au-delà, se retrouvent fréquemment dans les unions d’antan, lesquelles étaient parfois arrangées par les familles pour conserver le patrimoine ou tout simplement parce que les gens bougeaient moins géographiquement parlant. Être confrontés à des ancêtres communs en généalogie, par le biais des croisement des diverses branches, est relativement fréquent et cette particularité se dit « implexe ».

Ta sœur Françoise est décédée, jeune, à l’âge de 30 ans et la pauvre n’a pas connu la souffrance de voir ses deux fils Pierre Marie et Jean Marie JULIEN, mourir pendant la guerre de 1914-1918, des jeunes hommes de 23 et 24 ans, sacrifiés sur l’autel de la patrie, comme tant d’autres soldats, pendant ce terrible conflit mondial.

Toi-même tu n’as pas été épargnée par le destin, avec la perte de tes trois enfants. De tes autres frères et sœurs, je ne sais pas grand-chose, à part le fait que ton frère Jean-Baptiste était l’arrière-grand-père d’un gamin qui était au même collège que moi, mais pas dans la même classe.

De toi, il ne me reste donc pas un grand souvenir.

Par contre, lors des funérailles de mon père en septembre 2019, j’ai eu un choc visuel. Une autre de tes petites-filles est venue, rendre un dernier hommage à son « vieux » cousin germain, (25 ans d’écart entre eux), avec ses sœurs, et en la voyant, j’ai cru que tu étais sortie directement de ta tombe, pour venir accompagner ton petit-fils dans son dernier voyage, tellement la ressemblance était frappante.

Incroyable comme en vieillissant, les gens (en général) se mettent à ressembler physiquement à leurs parents, grands-parents, voire même arrière-grands-parents.

Le temps passe, les années trépassent.

Les gamins que nous étions sont devenus sexagénaires ou septuagénaires.

Toi, tu reposes désormais au cimetière de la Cula, en compagnie de ton époux et de certains de tes enfants.

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Tous droits réservés 17 août 2022

Viviane B-Brosse alias Sherry-Yanne

Copyright 00067596

Publié sur mon site Sherry-Yanne le 20 août 2022

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Photomontage personnel à ne pas copier ou reproduire.

Merci pour votre courtoisie !

 

Agm francine berne epouse brosse bis

Date de dernière mise à jour : 2022-08-20

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