ANCÊTRES MATERNELS MOULIN-DESVIGNES SOSAS 224-225 GÉNÉRATION 8
ACTE DE DÉCÈS SURPRISE
Jean Antoine Moulin sosa 224 et Claudine Desvignes sosa 225
Lignée maternelle à la 8ème génération par rapport à moi classifiée sosa 1
Ceux qui ont lu mes différents articles sur la généalogie se souviennent que j’ai décidé début 2018 de reprendre toutes mes branches familiales génération par génération, en classifiant par couple de sosas (ancêtres en ligne directe de la personne (de cujus ou sosa numéro 1, en l’occurrence moi). Cela prend évidemment beaucoup de temps et cela révèle parfois des surprises anecdotiques.
Je fais de la généalogie depuis 15 ans mais par manque de temps suite à mon activité professionnelle, je partais un peu dans tous les sens, dès que je tombais sur une info ou un acte susceptible de m’intéresser et du coup, cette manière de procéder, sans aucune rigueur m’a fait perdre du temps. Depuis le début de l’année 2018, je reprends tout à zéro et je recherche systématiquement les actes (au lieu d’y noter sur des feuilles volantes) que j’enregistre et attache en pièces jointes à mon arbre généalogique sur mon logiciel et de plus, j’imprime tous les actes que je classe dans la pochette du couple de sosas concernés. Je joins à la pochette dudit couple de sosas tous les éléments utiles, en l’occurrence, actes de baptême, mariage religieux et sépulture pour tous les actes avant le 31 décembre 1792 archivés dans les registres paroissiaux en ligne et actes de naissance, mariage civil et décès pour tous les actes d’état-civil à partir du 1er janvier 1793, mis en ligne par les archives départementales, sachant que de 1793 à 1805 inclus, c’est le calendrier républicain qui remplace le calendrier grégorien. Mes classeurs prennent forme et je suis fort contente du résultat. Dès que j’aurais fini avec la 8ème génération, j’attaquerai la 9ème en procédant de la même manière et ainsi de suite. Maintenant je sais exactement où j’en suis famille par famille.
C’est un travail long et fastidieux mais au moins, je sais que tout a été vérifié et qu’il n’y a plus à revenir. C’est une manière méthodique et sûre d’avancer en limitant le risque d’erreur.
Je considère que j’ai 4 familles basiques à mon niveau, 2 pour la branche paternelle et 2 pour la branche maternelle, correspondant à mes 4 grands-parents ou aiêux.
A ce jour (15 novembre 2018), j’ai terminé 3 familles sur 4 pour la 8ème génération et j’en suis fort heureuse.
Je viens d’attaquer la 8ème génération de ma 4ème famille du côté maternel et pour le premier de la série, en l’occurrence Jean Antoine Moulin, sosa 224, je suis confrontée à un acte sortant un peu du processus classique.
Avant d’aller plus loin, je vais vous présenter Jean Antoine et son épouse Claudine Desvignes.
Jean Antoine est né le 10 avril 1731 à Larajasse dans le Rhône et il a été baptisé le lendemain 11 avril 1731, car dans le temps, on ne badinait pas avec le baptême catholique censé guider les enfants morts directement vers le Paradis, sans errer dans les limbes avec les non baptisés. La mortalité enfantine était monnaie courante et malheureusement sur une fratrie de 10 enfants voire plus, souvent seulement 2 ou 3 survivaient à la misère, la faim, la maladie, les mauvais traitements de la vie en général et des familles n’ayant pas les moyens de nourrir et d’entretenir tant d’enfants.
Il était le fils d’Antoine Moulin et d’Antoinette Bazin (mes sosas 448 et 449), tous deux de Larajasse.
Claudine, quant à elle, est née le 7 décembre 1726 à Châtelus dans la Loire et a aussi été baptisée le lendemain 8 décembre 1726.
Elle était la fille de Laurent Desvignes et de Marie Viricel (ou Virissel en fonction des scribes de l’époque), tous deux de Châtelus.
Pour une raison que je ne connais pas mais qui doit sans doute être dans le fait de devoir gagner sa vie, Claudine vivait depuis plusieurs années sur la paroisse de Larajasse lorsqu’elle épousa Jean Antoine. Les noces furent célébrées le 18 septembre 1759 en l’église paroissiale de Larajasse (Rhône).
Ils eurent au moins 3 enfants dont mon sosa 112, André Moulin qui épousera en 1808 Jeanne Marie Relave en secondes noces, s’étant marié en premières noces avec Jeanne Marie Meilland, sans doute décédée entre 1805 date à laquelle etle accoucha d’un enfant et 1808, date à laquelle André se remaria avec Jeanne Marie Relave.
Après une vie bien remplie, Claudine mourut à Châtelus, le 26 décembre 1806, à l’âge de 80 ans, ce qui était un âge fort vénérable pour l’époque, surtout pour les femmes qui mouraient souvent des suites de leurs couches car elles mettaient des enfants au monde dès leurs 15 ou 16 ans jusqu’à 45 ou 48 ans, et le fait de se retrouver enceintes de 10 à 20 fois voire plus pour certaines avait des conséquences mortelles sur les pauvres mères épuisées car à l’époque, pas d’aides sociales ni d’aides ménagères.. Nos ancêtres travaillaient jusqu’à l’accouchement, se relevaient et repartaient travailler sauf complications ou mortalité.
Claudine était déjà veuve de Jean Antoine depuis 10 ans puisque dans l’acte de mariage de leur fils André, mon sosa 112 avec Jeanne Marie Relave, ma sosa 113, il est indiqué que Jean Antoine est décédé à Châtelus le 28 ventôse An 4 de la république française. C’était l’époque de la révolution où fut instauré le calendrier républicain, remplaçant le calendrier grégorien symbole de l’ancien régime pour les révolutionnaires. Le calendrier grégorien est notre calendrier actuel qui a été réinstauré en 1806. La date du 28 ventôse an 4 correspond au 18 mars 1796.
Quelle ne fut pas ma surprise de constater que l’acte de décès sur les registres de l’état-civil de Châtelus était en date du 15 floréal an 4 de la république française soit le 4 mai 1796. Il y est bien dit que Jean Antoine est décédé à Châtelus le 28 ventôse an 4 soit le 18 mars 1796. 1 Mois et demi s’est écoulé entre le décès et sa déclaration officielle en mairie. Je n’avais encore jamais vu cela et cela m’a interpellée.
Je recopie ci-dessous ledit acte de décès à titre informatif :
Acte de décès du 15 floréal an 4 (4 mai 1796)
Ce jourd'hui 15 floréal, an 4 de la république française par devant moi agent municipal de la commune de Chatelus, est comparu François Moulin âgé de (?) agriculteur, domicilié en cette commune, de Jean Pierre Odin, âgé de 29 ans, cloutier, domicilié en cette commune.Le premier étant fils d'Antoine Moulin, lesquels m'ont déclaré que ledit Antoine Moulin est mort le 28 ventôse dernier (18 mars 1796) à 11 heures du soir en son domicile. D'après cette déclaration, que les susdits témoins m'ont certifié conforme à la vérité, ce dont je me suis assuré d'ailleurs, j'ai rédigé le présent acte que ledit Moulin fils et ledit Odin signeront avec moi. Ledit acte n'a pu êre rédigé avant pour n'avoir reçu de (…).
Fait à Chatelus en mon domicile le jour, mois, an que dessus.
Suivent les signatures
Odin et David agent.
Pourquoi ce décalage ?
En 1796, cela faisait 3 ans seulement, que les registres d’état-civil avaient remplacé les registres paroissiaux qui régissaient la vie sociale en France depuis plusieurs siècles.
En effet le clergé était prépondérant dans la société d’antan. La religion chrétienne catholique déterminait les baptêmes, les mariages et les enterrements. Ce sont les curés qui accordaient ou non le droit de se marier, en fonction d’une parenté plus ou moins rapprochée. Le droit canon interdisait tout mariage en dessous du 7ème degré au moyen-âge, condition assouplie ensuite puisque les mariages étaient acceptés sans dispense à partir du 4ème degré de consanguinité (mêmes trisaïeux), par contre pour les unions au 3ème degré (cousins issus de germains ayant les mêmes arrières grands-parents ou bisaïeux), il fallait fournir une dispense signée par l’évêque du diocèse et une dispense papale pour les unions entre cousins au 2ème degré (cousins germains ayant les mêmes grands-parents ou aïeux).
Les petites gens de la France rurale, étaient très attachés à ces coutumes religieuses ancestrales et très soumis à l’église et ses usages. Ce sont les gens de la campagne qui ont continué à soutenir le roi et le clergé pendant la période révolutionnaire, dans certaines régions (voir mon article sur les chauffeurs du lyonnais qui ont été protégés par l’église et les paysans parce qu’ils combattaient aussi pour le roi et l’église).
Je pense que ces gens là ont continué à déclarer les naissances (baptêmes), mariages, et décès (sépulture) auprès du prêtre officiant de leur paroisse, que celui-ci soit assermenté (constitutionnel) ou réfractaire.
Pour en revenir à Jean Antoine, mon sosa 224, sa famille l’a sans doute fait enterrer selon le rite catholique en usage à l’époque. Son décès a sans doute été mentionné sur les registres paroissiaux qui ne sont plus en ligne à partir du 1er janvier 1793. Je pense que le diocèse concerné détient toujours les archives de cette époque et que cela serait potentiellement vérifiable mais je ne connais pas la procédure pour le faire.
Son fils déclarant à l’acte du 15 floréal an 4, n’a peut-être pas pensé que depuis 1793, il était obligatoire de déclarer les actes de la vie (naissance, mariage et décès) auprès de l’administration civile de la commune et le maire a régularisé plus tard, cet oubli. De plus, dans une petite commune, il était facile de vérifier l’authenticité tant du décès que de la déclaration. Par contre, ce que je trouve surprenant, c’est la précision de la date et de l’heure, plus d’un mois après, sachant que la notion de temps et d’âge était souvent approximative chez nos ancêtres et qu’il n’était pas rare d’indiquer un âge avec une variante parfois de 10 années sur l’âge réel de la personne mentionnée sur lesdits actes. Le maire a peut-être tout simplement demandé au curé de vérifier sur ses registres les date et heure du décès pour rédiger à son tour le sien. C’est ce qui m’a paru le plus probable mais comme dit ci-dessus, ce n’est qu’hypothèse de ma part.
L’histoire a refermé ses pages sur Jean Antoine Moulin et Claudine Desvignes et je vais à mon tour, refermer cette page, pour les laisser dormir tranquillement dans l’éternité de leur tombeau.
Merci à vous pour votre lecture, votre intérêt et votre fidélité.
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Tous droits réservés Viviane B-Brosse alias Sherry-Yanne
Le 15 novembre 2018
Enregistré sous copyright N°00060780 et 00067596 avant diffusion publique
Et publié sur mon site SHERRY-YANNE EN POÉSIES le 15 novembre 2018
Les actes d’état-civils partagés, proviennent des archives départementales et ne sont publiées qu’aux fins d’illustrer mon article sans aucun but commercial
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