A LA RECHERCHE DU « BROSSE » PERDU A SAINT CLOUD EN ALGÉRIE
A LA RECHERCHE DU « BROSSE » PERDU
Il y a quelques mois, je suis partie à la recherche des ancêtres « pieds noirs » espagnols de mes enfants du côté de leur père.
A partir des actes de naissance et de mariage de leur grand-père paternel, j’avais les noms des prénoms de leurs arrière grands parents, leurs dates et lieu de naissance en Algérie, dans la région oranaise et plus précisément à Saint-Cloud.
J’avais peu de renseignements sur cette famille exilée si ce n’est que Maria et Henri étaient issus chacun d’une fratrie nombreuse dont les descendants ignoraient l’existence des uns ou des autres.
Cela m’a pris quelques semaines à éplucher les actes d’états-civils sur un site (internet) consacré aux français nés à l’étranger, en Outre-mer ou dans les anciennes colonies françaises.
Quelle satisfaction pour moi de retrouver tous les frères et sœurs, les parents voire les grands-parents des bisaïeux de mes enfants.
Ma quête s’est achevée assez rapidement car tout me ramenait dans la province d’Alméria en Espagne et plus précisément dans les villes ou villages de Dalia, Lubrin et Ada.
Ne parlant pas espagnol, mes recherches pour la famille paternelle de mes enfants s’arrêtaient là de ce côté de la Méditerranée.
Pour en revenir aux ancêtres d’Oran, j’ai fait le constat qu’il n’y avait eu qu’une ou deux générations nées en Algérie. La première venait d’Espagne, émigrant fin du 19ème siècle, la deuxième est née en Algérie fin du 19ème siècle aussi. A partir de la troisième génération, il y a eu des naissances en Algérie et en France, voire en Espagne (à vérifier).
La guerre d’Algérie et les accords d’Evian du 19 mars 1962 ont mis fin « aux français d’Algérie » et renvoyé tous les pieds noirs, en terre inconnue c’est-à-dire en direction de la Métropole que certains ne connaissaient même pas.
Par contre ce qui m’a le plus intriguée dans ce parcours du combattant à la recherche du passé, c’est de trouver l’acte de décès d’un « Brosse » en 1871, né à Saint Genis Terrenoire dans la Loire en 1814. Les noms des parents et de la veuve (sans doute pied noire d’origine espagnole dont je n’ai par contre pu retrouver aucune autre trace) étaient indiqués sur l’acte de décès.
Je revois ma première réaction !
« C’est fort de café ! Mais qu’est qu’un « Brosse » d’ici est allé faire là-bas si loin de sa contrée natale ? Se pourrait-il qu’il soit issu de la même branche familiale que moi ? Cela m’intrigue ! Quand j’aurai un moment, il faudra que je parte sur ses traces pour découvrir ses origines ».
Les mois ont passé et puis il y a deux semaines, j’ai décidé de me mettre à la tâche pour vérifier ce qu’il en était. J’ai chaussé mes bottes d’enquêtrice généalogiste, et accessoirement mes lunettes pour déchiffrer tous ces vieux actes poussiéreux qu’on peut parcourir maintenant sur les archives départementales mis en ligne sur internet (sacré gain de temps pour les généalogistes amateurs), pris mes outils de travail (un ordinateur et une connexion internet) et je suis partie enquêter dans le passé, à la recherche du « Brosse » perdu.
Sachant que j’avais les noms et prénoms de ses père et mère, et son lieu de naissance, je suis allée rechercher sur le site des archives généalogiques, si je trouvais un Antoine né de Joseph Brosse et Marthe Laurenson sur l’année 1814. Retrouver ledit acte de naissance a confirmé la véracité de l’identité du « mort » de Saint Cloud, sans doute toujours enterré dans le cimetière délabré (j’ai vu des photos sur internet) de cet ancien village au nom à consonance française.
Ensuite ce fut plus complexe car n’ayant ni les lieux de naissance ni les dates de naissance des parents et sachant que ceux qui remplissaient l’état-civil en ces temps lointains ne s’embarrassaient pas de l’exactitude des comparutions et mettaient souvent un âge approximatif des parties sur les registres d’état-civil, je partais sur une vague supposition.
A ce moment-là a démarré mon travail d’enquêtrice car il faut savoir doser la recherche, la logique et l’intuition, trois qualités que les généalogistes chevronnés ne mettront pas en doute, je pense.
L’âge du père indiqué sur l’état civil de naissance me renvoyait à l’année 1784. Je suis d’abord partie en recherche sur la commune où était né Antoine, me disant qu’à l’époque les gens des campagnes ne bougeaient pas trop (quoiqu’au vu de mon arbre, les mariages évoluent sur un rayon d’environ 30 kilomètres autour du domicile d’un des deux futurs époux), j’aurais peut-être la chance de retrouver son acte de naissance.
Que nenni ! j’ai fait chou blanc !
Je suis donc partie sur la date approximative de la mère et j’ai eu plus de chance car je l’ai trouvé mais fallait-il encore que je sois sûre que ce soit bien elle car l’homonymie est la plaie de toute recherche généalogique.
Ayant aussi peu d’indications, je me suis dit que je n’étais pas sortie de l’auberge pour employer une expression populaire.
Il me fallait impérativement retrouver l’acte de mariage des parents pour avoir au moins leur comparution (ou identité) précise et leurs lieux de naissance et si possible leur propre filiation.
J’ai pris la commune de Saint Genis Terrenoire et je me suis fixée un créneau entre telle année et telle année et j’ai remonté le fil trouvant des frères et sœurs à Antoine mais toujours rien sur le mariage de ses parents.
Ma quête était quand même fructueuse car les dates de naissance des frères et sœurs m’indiquaient l’antériorité du mariage.
Lorsque j’ai compris que je ne trouverais rien sur la commune où résidait la famille, j’ai fait des recherches sur les communes voisines, toujours sans résultat.
Et puis je me suis dit : « c’est une époque où les gens se rapprochaient des villes à cause du développement de l’ère industrielle et la mécanisation ce qui leur permettait de trouver un emploi facilement et pouvoir ainsi faire vivre sa famille. La plus proche ville est Rive de Gier, qui était une ville en plein essor industriel avec les forges, les verreries, etc donc je vais suivre cette piste ».
Ce que j’ai fait et là bingo ! j’ai retrouvé le mariage de Joseph Brosse et Marthe Laurenson avec l’indication de leurs parents respectifs, de leur dates et lieu de naissance (le même pour les deux époux). Joseph était bien né à Saint Genis Terrenoire mais en 1785 au lieu de 1784 contrairement à l’âge indiqué sur l’acte de naissance d’Antoine. J’ai donc pu consulter son acte de naissance qui m’a confortée sur la justesse de mes trouvailles.
Je n’ai pas fait de recherche sur les ascendants de Marthe Laurenson car l’objet de ma quête étant de retrouver non pas le Saint Graal mais le « Brosse » perdu, j’ai continué sur la piste des ascendants de Joseph Brosse.
Il était indiqué qu’il était fils de Jean Brosse (ou Brossi mais je simplifie avec l’orthographe actuel) et d’Anne (Jeanne) Perrichon demeurant à Saint Genis Terrenoire. Il me fallait maintenant aller à la pêche aux infos pour savoir où était né et décédé ce Jean Brosse et à quelle date il s’était lui-même marié avec Anne Perrichon.
Nouveau jeu de piste toujours sur la commune de Saint Genis Terrenoire dans un premier temps et cette fois ci j’ai eu plus de chance car Jean s’était marié et était décédé sur cette commune.
Par contre un nouveau contretemps m’a mis provisoirement des « bâtons dans les roues ».
L’acte de mariage indiquait comme lieu de naissance Saint Martin La Plaine et l’acte de décès indiquait Saint Romain en Jarez !
Aie aie aie !
Où chercher ?
Mon instinct me disait Saint Romain en Jarez car cela me confortait dans la thèse d’un descendant du berceau familial, d’un descendant d’un de mes propres sosas.
En généalogie chaque ancêtre a un numéro invariable. La numérotation part de la personne dont on fait l'ascendance, c'est le « de-cujus », il porte le numéro 1 (note personnelle à ce sujet : dans le notariat le « de-cujus » est le défunt ! L'expression latine dont la formule entière est " Is de cujus successione agitur " désigne celui de la succession duquel on débat. Par délicatesse, les notaires ont pris l'habitude d'utiliser cette expression lorsqu'ils rédigent un contrat de mariage ou un testament afin qu'en sa présence le donateur ne soit pas désigné dans l'acte qu'il signe, par l'expression " le (futur) défunt"). Pour en revenir à la généalogie, le sosa numéro 1 est souvent celui qui fait son arbre généalogique et qui est la souche de l’arbre. Son père porte le numéro 2 et sa mère le numéro 3. Le numéro 4 est son grand-père paternel, le numéro 5 sa grand-mère paternelle, le numéro 6 son grand-père maternel et le numéro 7 sa grand-mère maternelle. Et ainsi de suite. Un homme a toujours un numéro pair et une femme a toujours un numéro impair.
Par acquis de conscience, je suis allée explorer les archives de Saint Martin la Plaine car l’acte de mariage indiquait que les parents Claude Brosse (ou Brossi) et Françoise Blanchery (ou Blanchère) résidaient sur cette commune mais je n’ai rien trouvé donc je suis partie sur Saint Romain en Jarez. Je savais que Jean avait 55 ans lors de son décès et il me fallait chercher un Jean Brosse fils de Claude Brosse et Françoise Blanchery né entre 1749 et 1750 sur Saint Romain en Jarez.
Je vous laisse imaginer ma joie quand j’ai retrouvé l’acte de naissance dudit Jean avec l’indication de ses parents et des parrain et marraine (en patois des noms de famille, ce qui déstabilise toujours un peu comme Brossi pour Brosse par exemple).
Il ne me restait plus qu’à retrouver les actes de naissance de Claude et Françoise ou au moins leur acte de mariage pour vérifier l’identité des parents et mon enquête serait pratiquement bouclée.
Lorsque j’ai eu l’acte de mariage entre les mains, j’ai failli sauter de joie tellement ce que je lisais confirmait que mon « Brosse » enterré au fin fond d’un cimetière oranais était bien le descendant d’un des lointains ancêtres de notre berceau familial.
En effet Claude Brosse (ou Brossi) était le fils de Jean Brosse (ou Brossi) et de Claudine Delaval. Les parents de ce Jean Brosse étaient Mathieu Brosse (ou Brossi) et Fleurie Veillon.
Le frère de Mathieu Brosse (ou Brossi) était Jean Brosse (ou Brossi) mon sosa numéro 512.
La généalogie est un passe-temps et une passion mais de temps en temps il faut savoir partir sur d’autres pistes un peu mystérieuses car c’est cela qui apporte du piment à nos recherches.
Je viens de découvrir une autre bizarrerie qui fera peut-être un jour l’objet d’un autre article mais je n’en suis pas encore là car je n’ai pas encore trouvé la solution.
Ci-dessous, je vous rajoute une note explicative pour le calcul des sosas pour ceux qui sont novices dans ce domaine et qui ne comprennent pas comment on numérote nos ascendants directs ou sosas.
Merci de votre lecture !
NOTE POUR EXPLIQUER LE PRINCIPE DES SOSAS
La numérotation ascendante Sosa-Stradonitz
Ce système a été inventé par l'Allemand Michel Eyzinger en 1590. Il est ensuite repris par Jérôme de Sosa en 1676 puis par Kerule von Stradonitz au XIXe siècle.
Cette numérotation est la plus pratique et la plus utilisée pour l'établissement d'une généalogie ascendante.
Principes de la numérotation sosa
Chaque ancêtre a un numéro invariable.
La numérotation part de la personne dont on fait l'ascendance, c'est le de-cujus (glossaire), il porte le numéro 1.
Son père porte le numéro 2 et sa mère le numéro 3.
Le numéro 4 est son grand-père paternel, le numéro 5 sa grand-mère paternelle, le numéro 6 son grand-père maternel et le numéro 7 sa grand-mère maternelle.
Et ainsi de suite…
Numérotation ascendante Sosa-Stradonitz
Régles de la numérotation sosa
Un chiffre pair désigne toujours un homme, un chiffre impair une femme sauf bien sûr le numéro 1 qui est un homme ou une femme
Le numéro d'un père est le double de celui de son enfant
Le numéro d'une femme est celui de son mari plus 1
Le numéro d'une mère est le double de celui de son enfant plus un
Notes sur la numérotation sosa
Le premier numéro d'une génération donne le nombre d'ancêtres à cette génération. Par exemple, le numéro 16 nous indique qu'il y a 16 ancêtres à la 5e génération.
Un même ancêtre peut apparaître plusieurs fois dans la généalogie : c'est un implexe (glossaire). L'ancêtre porte alors plusieurs numéros de sosa.
La numérotation sosa établie n'est valable que pour un individu. Pour ses enfants ou ses petits-enfants, la numérotation est à refaire.
Ce système ne tient compte que des ascendants directs. Les collatéraux n'ont pas de numéro.
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Tous droits réservés V.B-BROSSE sur mon texte car pour ce qui concerne mes recherches, tant mieux si elles sont utiles à d'autres généalogistes amateurs comme moi. Nos aïeux ne nous appartiennent pas. Ils appartiennent à tous leurs descendants et collatéraux.
le 1er février 2017
Enregistré sous copyright N°00060780 et 00067596 avant diffusion publique sur internet
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Photo récente du cimetière délabré de Saint Cloud, région d'Oran en Algérie