EGLANTINE BARBEROUSSE CHAPITRE 3

EGLANTINE BARBEROUSSE CHAPITRE 3

EGLANTINE BARBEROUSSE

Chapitre 3

La famille Barberousse était établie à Sainte Anastasie aux 17ème  et 18ème siècles, avant son extinction progressive. Seul subsiste le domaine, ayant appartenu à ce lointain ancêtre, domaine, morcelé au fil des générations, suite aux parcelles vendues aux habitants locaux pour agrandir leurs propres exploitations fermières ou forestières. Désormais, le propriétaire de cet endroit est Justin Barberousse, le père d’Eglantine, et d’année en année, ce lieu est devenu la deuxième maison de la famille qui aime s’y ressourcer dès qu’ils peuvent s’échapper de Lyon.

Sainte Anastasie, est une ancienne commune française, située dans le département du Cantal en région Auvergne-Rhône-Alpes. Elle se situe dans le secteur du Cézallier, positionnée au centre, entre quatre villes, Allanche au nord, Neussargues-Moissac au sud, Chalinargues à l’ouest et Peyrusse à l’est. Elle a fusionné le 1er décembre 2016 avec les communes de Celles, Chalinargues, Chavagnac et Neussargues-Moissac pour constituer la commune nouvelle de Neussargues-en-Pinatelle, à l’instar d’autres communautés de communes émergées en France, ces dernières années, faisant passer aux oubliettes, l’histoire locale des communes fusionnées, lesquelles perdent ainsi leur propre identité.

L’église de Sainte Anastasie est mentionnée en l’an 1131, date à laquelle elle est donnée à l'abbaye de Moissac. Y étaient vénérées les reliques de sainte Anastasie et de saint Loup, une église ancienne, qui a dû baptiser, marier et enterrer beaucoup de ses paroissiens au fil des siècles.

Voici comment un journal paroissial de 1913 décrit ce village rural et son édifice chrétien.

« Une miniature d'église de style roman, au-dessus de laquelle se dresse un gracieux clocher à peigne, décore délicieusement le petit bourg de Sainte-Anastasie. Bâti en étagère au pied et sur le flanc de la côte rocheuse, le petit village reçoit tout le jour les doux rayons du soleil. Et quelles variétés dans ce paysage où prairies, champs, jardins, bois, rochers et cascades se mêlent dans un beau désordre champêtre. L'Allanche aux limpides eaux, charmée de ralentir sa course dans un si beau coin d'Auvergne, partage çà et là ses ondes et enlace complaisamment des parcelles de verdure, ce sont les îles de Sainte-Anastasie. Si la côte présente trop souvent la nudité de la roche basaltique, voici que la flore, par une délicate attention, tapisse de ses fraîches couleurs les régions les plus arides. À certaine époque, le long de la route d'Allanche, des fleurs vives comme des flammes enlacent les rochers eux-mêmes. Assise en face de Sainte-Anastasie, au-delà du clair et frais ruisseau, une élégante petite gare est l'ornement et la vie de la bourgade qu'elle dessert. Le sifflet des puissantes locomotives alterne souvent avec le doux chant des oiseaux ou les vibrations des cloches. Là-bas, au détour pittoresque de la vallée, au-delà d'un petit bois en face du Bosquet, se dresse, surplombant le ruisseau, la roche du Cuze. À son sommet, jadis s'élevait le château de la Tour de Chastel-Moissac, sur son emplacement, où vont nicher les aigles d'Auvergne, on peut voir encore les assises de cette antique construction que les hommes et le temps ont renversée. Sur la côte, en face, au levant, une autre masse basaltique émerge des flancs de la côte et prête son appui aux terres fertiles où sont assis de beaux villages. Comme ils resplendissent au soleil du printemps et de l'été ! Comme ils sont fiers de leur nom et de leurs anciennes familles, de leurs maisons aux toitures bleues et de leurs abondantes moissons ! Nous avons nommé Chanzac, Le Lac, Le Baladour, Serrusse, … »

(Texte extrait du Journal Paroissial de 1913 littéralement reproduit))

Eglantine et son père ont fait des recherches pour reconstituer plus ou moins la branche familiale originaire de ces lieux, avant de migrer, comme beaucoup d’auvergnats, vers des territoires offrant plusieurs possibilités de trouver des emplois et de pouvoir ainsi faire vivre leurs familles.

La légende familiale raconte qu’autrefois, à l’époque de la piraterie et de la flibusterie, un fils de la famille Barberousse prénommé Robert, aurait décidé d’abandonner son Auvergne natale, pour rejoindre un port maritime, où il se serait engagé sur un navire, avant de devenir à son tour, capitaine, écumant les mers avec son équipage de marins-soldats, afin de dévaliser les bateaux appartenant à de riches armateurs, notamment ceux battant pavillon étranger. Il serait revenu dans le Cantal, lorsqu’il était assez âgé pour cesser sa vie aventureuse. En tant que seul survivant mâle de la fratrie, il aurait hérité de la ferme de ses parents et agrandi le domaine au fil du temps, domaine où il a fini ses jours. Pourtant, lors de son décès, il fut trouvé peu d’écus et les descendants prétendaient que le vieux Barberousse aurait caché son trésor quelque part, et qu’à ce jour, personne ne l’aurait encore trouvé. Depuis cette époque, les gens du coin désignent toujours le domaine Barberousse, comme étant « le repaire du corsaire ».

Cette tradition orale transmise de génération en génération a fasciné Eglantine, qui en grandissant, a cherché à connaître les principales différences entre un pirate, un flibustier ou un corsaire, car les trois mots sont souvent utilisés et elle n’en saisissait pas vraiment le sens, avant de chercher à comprendre quel pouvait être le destin de cet ancêtre, un destin, qu’elle trouve fabuleux.

Elle a découvert ainsi que le flibustier est membre d’une association de pirates qui, aux 17ème  et 18ème siècles, couraient les mers d’Amérique tandis que le « corsaire » est un navire armé en course par des particuliers, ou par le monarque régnant avec une lettre de marque. Les corsaires ont un port d'attache en Europe où ils rapportent leurs prises qu'ils sont censés partager avec leur armateur et actionnaire et avec le Trésor Public.

Plusieurs corsaires étaient mandatés par le roi ou l’empereur, selon le siècle où ils vivaient. Les flibustiers eux ne quittent pas les Caraïbes et n'ont que des escales, des bases. Le flibustier est un frère de la côte, un corsaire des Antilles, un mercenaire qui s'engage dans un camp. Son seul salaire est le butin qu'il prend sur l'ennemi. Contrairement au corsaire, le flibustier monte aussi de grandes opérations sur terre. Il verse une part au gouverneur représentant la nation amie qui en retour lui permet de mouiller en toute sécurité dans les ports de ses colonies. Le mot apparaît surtout à la fin du 17ème siècle. Les Capitaines flibustiers ont souvent en leur possession des lettres de commission provenant de plusieurs nations différentes ce qui leur permet d'attaquer qui ils veulent. Ainsi, la distinction entre flibustier et pirate est infime dans la pratique.

En lisant tous ces renseignements, Eglantine perd son latin, car en plus de ces deux cas de figure, il y a aussi les pirates, ce qui complique encore plus sa compréhension entre ces trois termes. En continuant ses recherches sur différents sites d’Internet, elle note que les pirates étaient des bandits qui pillaient les navires de commerce.

En revanche, les corsaires étaient des capitaines indépendants qui possédaient une lettre de course délivrée par le roi. Cette lettre les autorisait à attaquer les navires des ennemis du souverain, notamment les navires marchands. Généralement un corsaire est une personne, le plus souvent l'armateur, le capitaine ou le membre de l'équipage d'un navire civil armé, autorisée par une lettre de marque (également appelée « lettre de commission » ou « lettre de course ») à attaquer en temps de guerre tout navire battant pavillon d'États ennemis, particulièrement son trafic marchand, laissant à la flotte de guerre le soin de s'attaquer aux objectifs militaires. Les corsaires ne doivent donc pas être confondus avec les pirates puisqu'ils exercent leur activité selon les lois de la guerre, uniquement en temps de guerre et avec l'autorisation de leur gouvernement. Capturés, ils ont droit au statut de prisonnier de guerre. Cette forme de guerre navale est appelée « guerre de course ». Le terme « corsaire » désigne le marin mais aussi le bateau.

Techniquement, Les pirates exerçaient illégalement et étaient considérés comme des bandits maritimes. Ils risquaient la condamnation à perpétuité ou à mort.

Les corsaires, en revanche, étaient des bandits maritimes légaux. S’ils étaient capturés par l’ennemi, leur lettre de course les protégeait de la pendaison. En échange, ils devaient rétrocéder une partie de leurs prises au roi.

Les pirates s’en prenaient aux navires de commerce sans distinction. Les corsaires ne ciblaient généralement que les navires marchands, laissant la tâche d’attaquer les navires de guerre à la marine militaire. Certains capitaines passaient du statut de corsaire à celui de militaire, et vice versa. Par exemple, Jean Bart se battit pour Louis XIV, tandis que Surcouf servit Napoléon. Les corsaires respectaient les vies et les biens personnels. Seuls le navire et sa cargaison faisaient l'objet de la prise, une enquête établissait si la prise avait été légitime, et le bien était rendu si tel n'avait pas été le cas.

En résumé, les activités de ces pillards des mers étaient similaires mais c’est leur statut qui faisait la différence. Les corsaires étaient  considérés comme des brigands maritimes légaux, ayant les autorisations nécessaires pour affréter leurs navires, aborder et piller d’autres navires, tandis que les pirates étaient des brigands maritimes illégaux, des criminels sévèrement punis, s’ils étaient pris dans les filets de la justice. La confusion résulte du fait que les corsaires faisaient la guerre aux nations ennemies en s'attaquant à leur commerce et que, jusqu'à la fin du Moyen Âge, les termes de corsaire et pirate étaient employés indifféremment.

Eglantine et Capucine sont un peu perdues avec ces appellations différentes, car pour elles, jusqu’à présent, les mots pirate, flibustier et corsaire, désignaient plus ou moins le même genre de personnage, en l’occurrence un bandit maritime, pilleur des bateaux en mer. Elles continuent leurs recherches sur la piraterie en général, notamment dans les siècles concernés par l’existence dudit Barberousse.

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Viviane BARNET-BROSSE

EGLANTINE BARBEROUSSE ET LA LÉGENDE DU CORSAIRE ROTER BÄR (OURS ROUGE)

ISBN 979-8-33215-687-8

Couverture eglantine barberousse verso

 

Date de dernière mise à jour : 2024-07-10

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Commentaires

  • Eric MOULIN-ZINUTTI

    1 Eric MOULIN-ZINUTTI Le 2024-07-11

    Je recommande cet ouvrage qui rassemble la belle écriture de son auteur, sa passion de l'histoire, de la généalogie, de son Cantal d'adoption et de son amour pour les animaux. Vraiment une belle découverte inspiré de l'histoire du corsaire Barberousse.
    A lire sans modération....
    sherryyannepoetesse

    sherryyannepoetesse Le 2024-07-11

    Merci Eric pour ton commentaire mais je précise pour les éventuels lecteurs de passage sur ce site, que le corsaire Robert Barberousse dit Roter Bär (Ours Rouge) est tout droit sorti de mon imagination. Comme je le mentionne dans le prologue, j'ai réellement des ancêtres Barberousse issus de Sainte Anastasie dans le Cantal au 18ème siècle mais ça s'arrête là. A travers l'aventure de ces quatre adolescents du 21ème siècle, qui vont être immergés malgré eux dans le 18ème siècle, je raconte l'histoire économique, sociale et politique du 18ème siècle et la comparaison que ces jeunes gens font avec leur siècle de modernité et de confort. Une petite note de fantastique (voyage dans le temps) en plus, et voilà comment mon scénario a vu le jour et s'est concrétisé au fil des semaines. Merci pour ton intérêt ! Bises !

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