MA PREMIÈRE JOURNÉE DE NOTARIAT
La première journée de travail dans un nouveau poste ne se passe pas toujours comme on voudrait que cela se passe et il arrive parfois que nous fassions des gaffes à force de vouloir tellement bien faire pour donner une bonne impression à notre nouvel employeur ainsi qu’à nos nouveaux collègues.
Dans un précédent article, je vous avais raconté ma première journée dans un restaurant, en tant que serveuse, en 1998.
Aujourd’hui, je vais vous conter ma première journée de notariat le 18 janvier 2001.
Au mois de décembre précédent, j’avais contacté une étude notariale, ayant entendu dire qu’on y recrutait pour un poste de standardiste. J’étais à l’époque secrétaire à mi-temps dans un centre de formation et mon contrat allait se terminer au 1er février de la même année.
Ce fut Maître B. en personne qui répondit à mon appel, pour m’informer que le poste était pourvu, ce dont je fus fort marrie. Avenant, ou disponible, qui sait, il engagea la conversation et me demanda, ce que je savais faire, ma situation familiale et mon âge !
Mon âge !
Le sujet qui fâchait car même si je n’avais que 41 ans depuis décembre, justement, je n’en pouvais plus de m’entendre dire que j’étais trop âgée pour tel ou tel poste.
Avant 30 ans, j’étais trop jeune, ensuite j’avais des enfants et maintenant j’étais trop vieille !
Être une femme n’était déjà pas facile dans une société restée très machiste, malgré l’évolution des mœurs mais le monde du travail était impitoyable envers les femmes qui devaient concilier en permanence vie familiale et vie professionnelle.
Mon cri du cœur l’a fait sourire, je m’en suis rendue compte au timbre de sa voix et nous avons continué la conversation de la manière la plus aimable qui soit mais j’étais très déçue de ne pas avoir obtenu ce poste.
Peut-être trois semaines plus tard, le téléphone sonna. Au bout du fil Maître B. lui-même qui me demandait si j’étais toujours disponible car sa secrétaire prenait sa retraite après 40 ans de bons et loyaux services et il avait pensé à moi. Il voulait savoir si j’étais toujours intéressée par l’idée de travailler au sein de son étude, avant de contacter l’agence pour l’emploi (ANPE), ce qui était le cas vu ma situation précaire.
Seule avec 3 petits et socialement au RMI, même si mon contrat emploi solidarité m’assurant un tout petit revenu, environ 2500 francs (environ 350 euros) ne me permettait pas de percevoir l’allocation concernée, j’étais socialement rmiste.
Rendez-vous m’est donné le lendemain qui était le 16 janvier, anniversaire d’un de mes fils et bêtement, j’y ai vu un heureux présage.
Je ne vais pas m’étendre sur l’entrevue avec Maître B. et son associé mais la fin fut heureuse puisqu’il me fut demandé de commencer deux jours plus tard soit le 18 janvier.
Pour respecter la chronologie de mon histoire, je précise que lorsqu’une personne travaillant en contrat emploi solidarité (CES), trouvait un emploi pouvant déboucher sur un contrat à durée indéterminée (CDI), elle était dispensée de terminer son contrat d’un an, ce qui était mon cas et de toute façon, il ne restait plus que deux semaines avant la fin dudit contrat.
Le 18 janvier arrive et j’avoue que j’étais dans mes petits souliers car j’appréhendais ce nouvel univers professionnel qui m’était complètement inconnu.
Maître B. et son associé Maitre G. m’ont chaleureusement accueillie avant de me confier à un « clerc » Rémy, en fait un notaire stagiaire et futur notaire mais j’allais découvrir au fil du temps l’organigramme de ce monde assez fermé au commun des mortels.
Presque 17 ans plus tard, je me rends compte que rien n’a vraiment changé et que le notariat est un monde plus ou moins mystérieux pour les gens en général.
Pour revenir à cette journée du 18 janvier, Rémy, me présenta à Irène, la standardiste récemment embauchée, Christine, la comptable, Josiane, secrétaire de Maître G, Michèle formaliste.
Il m’expliqua brièvement le déroulement d’un acte du moment où le client entre dans le bureau du notaire, pour ouvrir un dossier de vente, de succession ou de divorce pour généraliser globalement, jusqu’à sa finalité dans les mains de la formaliste chargée de vérifier l’acte, de le corriger avant de le déposer à la recette des impôts ou à la conservation des hypothèques (devenu le service de la publicité foncière en 2012) pour y être enregistré et recevoir une mention soit d’enregistrement, soit de publication. Il me précisa que l’acte original restant au sein de l’étude se nommait une minute et que celui-ci était classé.
Et voilà qu’arrive l’instant fatidique de ma fameuse bévue de première journée.
Rémy : Il est important de ne pas perdre les minutes de l’étude qui restent cent ans dans l’étude avant d’être envoyées aux archives départementales. Donc il vous faudra bien penser à les remettre à leur rang. Vous avez bien compris ?
Moi : Oui, j’ai compris l’importance de bien classer mais par contre qui est Laurent ? Nous n’avons pas encore été présentés !
Eh oui ! la bourde ! phonétiquement, je n’avais pas entendu « leur rang » mais « Laurent ».
Lorsque j’ai vu Rémy (grand amateur de sketchs humoristiques par ailleurs) éclater de rire, j’ai compris que j’avais magistralement gaffé et il a fallu qu’il m’explique pour que je réalise mon incroyable gaffe.
La journée commençait bien !
L’histoire a fait le tour de l’étude, une sorte de bizutage involontaire en quelque sorte et un souvenir qui me fait toujours sourire, presque 17 ans plus tard et une carrière dans le notariat où je suis passée pratiquement par toutes les étapes de la profession avant de finir formaliste dans une autre étude.
Merci de votre lecture à toutes et tous.
Récit écrit le 16 septembre 2017 et enregistré le même jour sous copyright N°00060780 avant diffusion publique sur internet
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