FATIGUE ET/OU BURN OUT
La fatigue, cette ennemie invisible s’installe insidieusement dans le corps et l’esprit humain.
Elle se nourrit du stress et de l’énergie développée pour y faire face.
Progressivement, elle détruit l’envie, l’envie de faire, l’envie d’être et finalement l’envie de vivre.
Elle est sans doute le mal du 21ème siècle (hormis la religiosité fanatique)!
Le monde moderne (surtout dans les sociétés occidentales) exigeant un rythme de plus en plus effréné entre la vie familiale et la vie professionnelle use petit à petit ce capital de résistance accordé à notre naissance.
Nous n’avons plus le temps d’écouter notre corps, notre cœur et notre esprit surmenés.
Il faut savoir les laisser se reposer pour reprendre des forces physiques et mentales (ou intellectuelles).
Le modernisme impose d’agir toujours de plus en plus vite, de manière de plus en plus intense et la lassitude pose ses jalons destructeurs et irréversibles, jusqu’à l’apogée du syndrome d’épuisement professionnel et/ou familial, autrement dit « burn-out » dans le monde du travail.
Celui ou celle qui vit ou plutôt qui subit cela n’est pas un(e) fainéant(e) bien au contraire !
Dans la majorité des cas reconnus par le corps médical, on dénombre des personnes qui étaient très consciencieuses, très impliquées dans leur travail, se consacrant à fond dans l’accomplissement de leurs tâches quotidiennes, pour ne pas laisser retomber le surcroit de travail sur leurs collègues (souvent surchargé(e)s aussi). L’implication à son poste est une forme de loyauté à son employeur. Ce sont des salarié(e)s n’hésitant pas à faire des heures supplémentaires (et non rémunérées) afin de terminer une tâche commencée ou pour satisfaire aux exigences des délais impératifs, pouvant entraîner des pénalités importantes pour l’entreprise (souvent financières).
Malheureusement l’être humain n’est pas un robot et sa vie ne s’arrête pas aux limites de sa vie professionnelle.
Il y a aussi la vie conjugale, la vie familiale, à prendre en charge avec ses aléas plus ou moins gravissimes, en fonction des uns et des autres.
Une famille classique avec un père et une mère et leurs enfants n’aura pas les mêmes soucis que la famille monoparentale (même si personne ne conteste les problèmes que ces familles peuvent ou vont rencontrer à un moment ou à un autre).
Le parent unique dit monoparental doit tout à la fois être le père et la mère, ce qui est incompatible car la bouche qui vient de gronder, ne peut pas consoler, pour ne pas perdre la face vis-à-vis de son ou ses enfants.
Imaginons que les enfants de cette famille soient différents pour tout un tas de raisons, souffrant de désordre psychique ou classifiés rebelles aux normes sociétales. Ledit parent ne trouve pas forcément l’aide voulue ni auprès de ses proches (ayant leur propre vie), ni auprès des institutions en général. Aucune intervention extérieure ne viendra pour soulager le parent anéanti et dépassé par sa souffrance intérieure.
Celui-ci va petit à petit grignoter son capital « stress » pour faire face à une situation précaire et assumer socialement son rôle de parent unique ainsi que son rôle de salarié (il faut bien nourrir et faire vivre sa famille !).
Les années vont passer, inexorables, enchaînant soucis sur soucis familiaux, jusqu’au surmenage absolu, de ce parent esseulé, portant toutes les responsabilités sur ses seules épaules.
Comme dit plus haut, cette personne aura un emploi pour faire vivre sa famille, sans recourir aux aides sociales, (« la dignité étant sa seule richesse ») et selon ses compétences, elle pourra avoir un poste à responsabilités dans lequel elle voudra exceller pour exorciser la douleur de son échec parental.
Le surmenage va peu à peu emprisonner son corps et son esprit dans un cycle infernal.
Il y aura des symptômes révélateurs qui lui permettront de décrypter son état de fatigue.
Certains sombreront dans la déprime puis la dépression (dans des cas généraux) et d’autres (dans des cas particuliers) résisteront à la déprime par la pratique de loisirs annexes telle que l’écriture vécue comme une thérapie analytique et très efficace.
Mais rien ne pourra entraver les conséquences physiques fâcheuses qui détruisent les organes vitaux du corps humain.
Beaucoup seront atteints d’hypertension ou d’hypotension, d’arythmie cardiaque, voire de cancers.
Les personnes cumulant les deux formes d’épuisement (familial et/ou professionnel) doivent écouter leur horloge interne sinon, tôt ou tard, il y aura le « clash » avec des incidents plus ou moins dangereux, tant pour elles-mêmes que pour les autres.
Le dernier processus déclencheur est le sentiment ou le ressenti de dévalorisation, suivi de la dépersonnalisation, notamment dans le cadre du travail et c’est souvent la goutte d’eau qui fait déborder le trop plein du vase d’amertume.
Comme vous vous en doutez, cette histoire est la mienne, même si j’ai essayé de généraliser l’analyse.
Mes mots vous livrent mon témoignage personnel sur ce fléau que représente le SYMDROME D’EPUISEMENT GENERAL !
Ecrire cet article me permet d’exorciser ce mal être et surtout de prévenir les autres que justement cela n’arrive pas qu’aux autres donc qu’il est plus sage de ne pas critiquer car personne ne sait ce qui l’attend un jour ou l’autre.
Comme tout le monde, je n’ai pas voulu entendre les messages avertisseurs de mon corps, (accès de fièvre inopportuns, pâleur subite, malaises plus ou moins légers, hypertension, arythmie cardiaque et tumeur cancéreuse).
J’ai continué à faire face aux exigences impérieuses de la vie tant familiale que professionnelle.
Un soir, je suis rentrée du travail et j’ai été saisie de vertiges impressionnants, de dédoublement de la vue, de nausées, alors que j’étais au volant de mon véhicule. Heureusement, j’étais à 500 mètres environ de mon domicile ce qui m’a permis de pouvoir maîtriser ma voiture sur les derniers mètres. Ensuite je me suis effondrée !
Le médecin m’a prescrit un arrêt de travail de 2 semaines pour faire des bilans chez un ophtalmologiste et chez un médecin ORL. Diagnostic : Vertiges de Ménières accentués par le stress ! Contre l’avis de mon médecin traitant, j’ai repris le travail pour ne pas laisser mon travail à mes collègues. En reprenant, j’ai dû effectuer tout le retard de travail auquel s’est rajouté le travail en cours.
Il ne s’est pas écoulé un mois avant que la médecine du travail ne m’arrête pour hypertension aggravée, du fait d’être déjà sous traitement médical concernant cette pathologie, laquelle s’ajoutait à cette fichue fatigue qui ne me quittait jamais du matin au soir et du soir au matin.
Mes insomnies répétitives faisaient que je ne dormais parfois que 10 heures par semaine et que j’allais au travail sans dormir.
Depuis le 1er avril 2016, je n’ai pas repris mon travail et je ne sais pas quand je le reprendrai si je le reprends un jour car ma santé s’est tellement dégradée que la reprise n’est pas envisageable pour mon médecin.
Le diagnostic a été catégorique « syndrome d’épuisement professionnel » ou burn-out, provoquant un épuisement général (physique et mental).
Sur les conseils de mon médecin qui connaît mon intérêt pour l’analyse et l’écriture (il m’a d’ailleurs dit que je n’avais pas besoin de voir un psy car grâce à mes facultés analytiques, et la retranscription par le biais de l’écriture, je faisais le travail toute seule), je me suis remise à écrire, non plus des poèmes mais des articles sur mon blog sur divers sujets et j’avoue que moralement, cela m’a permis de remonter la pente même si mon corps ne suit pas et que le moindre effort physique me terrasse parfois.
Pour en revenir à mon cas personnel de burn-out, j’ai pris le temps d’analyser le processus qui m’a réduit à néant en quelques mois (mais le surmenage quant à lui remontait pratiquement à 9 ans en arrière, ayant eu des antécédents médicaux allant déjà dans ce sens avec mon médecin traitant précédent, parti à la retraite depuis).
Le déclencheur inconscient s’est passé le 30 décembre 2015, lorsque j’ai appris incidemment certain favoritisme lié sans aucun doute au sexe de l’individu (discrimination homme/femme toujours présente dans notre société actuelle malgré tous les rappels à la parité professionnelle). J’ai demandé à ce que mon travail soit classifié et rémunéré en fonction des termes prévus dans notre convention collective.
J’étais à 6 ans de la retraite et j’estimais qu’au vu du travail fourni, des heures non comptées, de la loyauté sans faille pour tenir mon poste, ladite classification était justifiée et m’aurait permis de terminer ma carrière en beauté. De plus, suite à des restructurations de personnel, il m’avait été rajouté des tâches supplémentaires.
Ce refus de la part de l’employeur a été le déclenchement de la « bombe à retardement » que le surmenage avait déposé dans mon corps et sur mes capacités intellectuelles.
Maintenant que j’ai tout perdu, je ne finirai jamais ma carrière de manière honorable et de plus je vais perdre une somme considérable chaque mois puisque la sécurité sociale ne verse qu’une partie du salaire.
Aux ennuis familiaux et médicaux, vont se rajouter les soucis financiers et l’avenir me fait franchement peur.
J’ai l’impression de devoir toujours justifier ma « maladie invisible » aux yeux des autres, entourage proche ou moins proche.
Cet article a pour but de faire comprendre aux gens en général, que les gens atteints de syndrome d’épuisement général, ne sont pas des fainéants, pas plus qu’ils ne sont des « malades mentaux ».
L’être humain est une machine complexe avec tout un tas de rouages qui font tourner plus ou moins bien ladite machine.
Lorsque ces rouages sont usés par le surmenage de la vie et du travail, toute la machine explose sans espoir de retour.
A ce jour, je vis très mal cette situation, je n’ai plus de vie sociale, et je suis tellement épuisée physiquement et moralement que je me sens inutile tant pour moi, que pour les autres.
Je me suis battue jusqu’à présent mais maintenant j’ai décidé de lâcher prise sur certaines choses.
De toute façon « les cimetières sont remplis d'irremplaçables » comme le disait ce cher Clémenceau (Le Tigre).
Sachez simplement que je ne suis pas une fainéante mais juste une femme, une mère, une épouse, une collègue, épuisée par son parcours de vie, approchant de la soixantaine, invalidée par son vécu et surtout reconnue « réellement malade » par le corps médical.
Que la paix soit sur vous tous !
TOUS DROITS RESERVES VBB 21 juillet 2016
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POST SCRIPTUM : Herbert J. Freudenberger (1927-1999) était psychologue et psychothérapeute, il fut un des premiers à décrire les symptômes de l'épuisement professionnel: ".....en tant que psychanalyste et praticien, je me suis rendu compte que les gens sont parfois victimes d'incendie, tout comme les immeubles. Sous la tension produite par la vie dans notre monde complexe, leurs ressources internes en viennent à se consumer sous l'action des flammes, ne laissant qu'un vide immense à l'intérieur..........." D'où le terme..........de burnout! (merci à l'ami qui m'a envoyée cette information après avoir lu mon article).
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