RÉFLEXION SUR L’HOMOSEXUALITÉ
ET SON ACCEPTATION SOCIÉTALE ET FAMILIALE
Il y a dix ans, en 2013, était votée la loi du « mariage pour tous » permettant aux personnes du même sexe de se marier légalement, afin de leur permettre d’avoir les mêmes droits affectifs, juridiques et patrimoniaux que les unions hétérosexuelles, loi qui ne faisait en fin de compte que renforcer celle du pacte civil de solidarité (pacs) votée en 1999.
Qu’en est-il dix ans plus tard ?
Il me semble que passé les premiers chaos du début, la société en général, a relativement bien accepté cette évolution des mœurs.
Ce ne fut pas toujours le cas, preuve en est par ce rappel historique.
Jusqu’à la fin du 18ème siècle, les recueils de lois rangent les relations homosexuelles comme crimes. Si la sodomie (« homosexualité » est un terme n'existant pas à l'époque) est punie comme délit dans la loi française d'Ancien Régime, dans les faits elle ne fut pas systématiquement punie quand elle avait lieu dans un cadre privé et dans le secret. Le 6 juillet 1750 a lieu la dernière exécution publique française pour sodomie, à Paris, en place de Grève. Jean Diot, un domestique de 40 ans, et Bruno Lenoir, un cordonnier de 23 ans, ont été arrêtés pour sodomie sur la voie publique en janvier de la même année puis emprisonnés à la prison du Châtelet. Leurs biens sont confisqués. Condamnés à mort, ils sont étranglés puis brûlés. Depuis la Révolution française (par la loi du 25 septembre - 6 octobre 1791), qui adopta le Code pénal, supprimant le délit de « sodomie » les rapports homosexuels en privé entre adultes consentants ne furent généralement plus poursuivis par la loi en France. Cependant, plusieurs lois sur l'exhibition sexuelle, l'outrage public à la pudeur et l'attentat à la pudeur furent utilisées par la suite pour réprimer légalement l'homosexualité et le travestissement durant le 19ème siècle et le début du 20ème siècle. Une police administrative est également mise en place dès avant la Révolution et s’intensifie sous la Monarchie de Juillet et le Second Empire autour des groupes d’homosexuels. Le fichage de ces derniers par la police s’est poursuivi jusqu’en 1981.Le régime de Vichy, par la loi du 6 août 1942 modifiant l’alinéa 1 de l’article 334 du Code pénal, établit une distinction discriminatoire dans l’âge de consentement entre rapports homosexuels et hétérosexuels. Cette loi crée une distinction explicite entre rapports des uns et des autres s’agissant de l’âge à partir duquel un mineur civil peut entretenir une relation sexuelle avec un adulte sans que cet adulte commette une infraction pénalement réprimée (21 ans pour les rapports homosexuels, et 13 ans, puis 15 ans à partir de 1945, pour les rapports hétérosexuels). En vigueur de 1942 à 1982, cette loi fait un certain nombre de victimes dont le chiffrage est compliqué. En 1974, l’âge de majorité sexuelle pour les rapports homosexuels est abaissé à 18 ans. Le 4 août 1982, La Loi Forni, rapportée par Gisèle Halimi et soutenue par Robert Badinter au nom du gouvernement, adoptée le 27 juillet 1982, abroge les textes précédents. En 1981, le ministre de la Santé Edmond Hervé annonce que la France rejette désormais le classement par l'OMS de l'homosexualité comme maladie mentale. En 1982, la législation discriminatoire concernant l'âge de consentement est abolie.
Beaucoup de critères entrent en ligne de compte selon les origines sociétales, culturelles, ou religieuses des uns et des autres, et l’éducation reçue influence très souvent la perception que chacun peut avoir sur le sujet. L’ouverture d’esprit est aussi un autre facteur, pour ne pas marginaliser ceux qui n’ont pas eu d’autre choix que d’accepter leur orientation sexuelle.
J’avais vu un documentaire, des années 80, suite à la dépénalisation de l’homosexualité où il était demandé à ces personnes, si elles avaient choisi leurs préférences amoureuses et je me souviens d’un monsieur d’une cinquantaine d’années, (sans doute né dans les années 30), ayant une fonction diplomatique, répondre que si on lui avait donné le choix, il aurait opté pour être comme « tout le monde », en l’occurrence hétérosexuel, car la vie aurait été beaucoup plus simple pour lui. Et cette réponse est revenue plusieurs fois chez les personnes interrogées.
Beaucoup de parents n’acceptent pas l’idée que leurs propres enfants soient homosexuels, que ce soit des filles ou des garçons et peut-être encore moins chez les garçons, car il y a une sorte de tabou transmis de génération en génération, concernant le principe tant de la virilité masculine, que celle de la procréation, qui occulte tout raisonnement de la part de certains parents, et notamment certains pères. Combien d’enfants arrivés à l’adolescence, sont chassés de chez eux par des parents, qui oublient tout l’amour qu’ils ont pour cet enfant différent, qui ne répond ni à leurs attentes, ni aux normes rigides et structurées qu’ils lui ont inculqué.
Lorsque j’étais jeune, je n’ai jamais été choquée par la vie amoureuse des gens que j’ai pu côtoyer tant dans le milieu professionnel, que dans l’univers sociétal qui faisait partie de mon quotidien.
Personnellement, je ne suis pas confrontée à la situation d’un enfant homosexuel mais je n’aurais jamais chassé un de mes fils si cela avait été le cas, et je les ai d’ailleurs toujours élevé, (dès leur adolescence car avant ils ne faisaient pas attention à ce genre de détails), en réprimant chez eux toute forme d’homophobie tant dans les mots que dans les intentions, car je leur disais qu’il fallait accepter que les autres soient différents, même si pour eux, cela paraissait incompréhensible d’aimer une personne du même sexe. Je me souviens leur avoir expliqué que ce n’était pas parce qu’un de leurs copains ouvertement homosexuel, leur mettait le bras autour de l’épaule, dans certains contextes, notamment sportifs, que pour autant, celui-ci allait porter atteinte à leur intégrité physique. Les garçons sont hyper susceptibles sur le sujet de leur virilité. N’ayant pas de fille, je ne pourrais pas relater ce qu’il en est mais je sais que j’aurais sans doute fait pareil.
Par contre, parmi les gens de ma génération, j’ai des amis ou anciens amis, dont les enfants assument complètement leurs préférences amoureuses et les personnes auxquelles je pense, se sont comportées de façon intelligente, en ne rejetant pas leurs enfants pour le fait de ne pas être dans la norme amoureuse standard.
Hélas, il arrive que des parents ne réagissent pas en tant que parents aimants mais de manière égoïste, car c’est leur propre perception de ce qu’ils espéraient pour leurs enfants qui a « pris un sérieux coup dans l’aile », et ils refusent systématiquement le dialogue, l’échange avec leurs enfants. Ils sont tellement repliés sur leur propre déception, qu’ils en oublient la souffrance qu’ils infligent à leur progéniture, qu’ils avaient juré d’aimer, de choyer en toute circonstance. Suite à ce rejet, ces pauvres enfants qui ont sans doute déjà eu du mal, à accepter leur différence, leurs émotions, leur attirance envers une personne de leur sexe, doivent subir la douleur d’être ostracisée par ces parents censés être un havre de paix, de soutien et de confiance pour eux.
La société, quant à elle, a bien évolué, car même dans les villages ruraux, s’établissent des couples vivant ouvertement ensemble, revendiquant leur homosexualité, qu’ils soient hommes ou femmes, pacsés ou mariés, et le regard des autres habitants à leur égard, a perdu la connotation méprisante qui existait encore il y a moins de 50 ans en France, et c’est tant mieux.
Rejeter les autres pour leur différence, quelle qu’elle soit est indigne, et pour le coup, je parle de toutes les marginalisations envers autrui. Il faut agir envers les autres avec respect, bonté et humanisme.
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Tous droits réservés 6 octobre 2023
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Viviane B-Brosse alias Sherry-Yanne
Publié sur mon site « Les écrits de Sherry-Yanne »
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